Soyez parfait : Procrastinez

Antinomique !
En êtes-vous si sûr ?

Imaginez. Vous rentrez du travail le soir, après une journée pénible, et vous n’avez qu’une envie : vous poser 5 minutes pour souffler un peu.

Et là, vos enfants, tout contents de vous voir arriver, vous sautent au cou pour vous raconter leurs aventures de la journée.

Vous écoutez quelques minutes puis vous leur demandez d’aller jouer un peu dans leur coin. Et vous vous rasseyez.

Enfin un peu de calme… La journée a été épuisante, et vous avez vraiment besoin de quelques instants de repos.

Pas plus de 30 secondes après, ils commencent à se chamailler et des pleurs arrivent.

Et là, d’un seul coup, vous éclatez. Vous leur passez un savon et les envoyez chacun dans leur chambre. Vous vous surprenez de la violence de votre réaction, mais trop c’est trop. Ils ne peuvent vraiment pas jouer 5 minutes tranquillement ?!

Eux, interloqués par un tel revirement aussi brutal, ne bronchent pas.

Et vous, une fois que la pression est redescendue, vous commencez à avoir quelques remords de vous être comporté comme ça, alors que finalement ce n’était pas si grave.

Alors, parfait ?

 

Et au bureau ?

Vous êtes au travail, vous bossez sur un dossier important, et vous avez besoin de concentration et de calme.

Pour la n-ième fois quelqu’un vient vous voir pour vous demander un renseignement alors que vous lui avez déjà dit maintes fois de ne pas venir vous déranger à ce moment-là.

C’en est trop, vous lui videz votre sac et l’envoyez valser. Le pauvre se retrouve collé au mur par un ouragan, sans comprendre ce qui vient de se passer.

Vous, dans la seconde d’après, vous réalisez ce que vous venez de faire et dire, et là, déjà vous le regrettez et commencez à vous excuser ou à vous justifier auprès de la personne qui s’est pris le typhon à la figure.

Là encore, parfait ?

 

Reporter à plus tard

Un petit dernier pour la route: Mais ça, ça n’arrive que très rarement…

Vous avez un dossier, un projet, des petits travaux à la maison… Toutes ces petites, ou même ces grandes choses, que vous voulez faire, que vous devez faire, vous le savez, mais à chaque fois, vous reportez ça à plus tard.

Ca vous dit quelque chose ?

Et en faisant ça : parfait ou pas parfait ?

Et bien dans tous ces cas-là, autant que dans bien d’autres encore, aussi étonnant que ça puisse paraître, vous êtes parfait.

Certains vont peut-être se dire : « n’importe quoi c’est du délire ! » Et ils vont arrêter la lecture ici.

D’autre vont peut-être se demander : « qu’est-ce qu’il a voulu dire par là ? »

Un changement perpétuel

Ce qu’on va vivre, on va le vivre à un moment donné, dans un certain contexte, dans certaines conditions intérieures et extérieures, avec l’information qu’on a, à ce moment-là.

Je m’explique :
A un instant « t », on fait certaines choses, on est dans un certain état émotionnel, on a certaines pensées.

L’instant d’après, ça a changé : on ne pense plus exactement à la même chose, l’état émotionnel n’est plus forcément le même, et notre activité peut aussi avoir changé.

Et durant toute notre vie, nos pensées, nos ressentis, nos mouvements, vont sans arrêt changer, évoluer, se modifier, d’instant en instant. D’une seconde à l’autre ça n’est plus exactement pareil. D’une seconde à l’autre, le contexte dans lequel on est, les paramètres que l’on décode et interprète, que l’on vit, vont se modifier.

Et nous, qu’est-ce qu’on fait avec tout ça ?

On s’adapte, on évolue, on change. Et dans quel but ? Simplement vivre. Et je dirais même, de façon encore plus primaire : survivre.

Bon d’accord, mais alors en quoi le fait d’engeuler mes enfants, d’envoyer valser mes collègues, ou de procrastiner à longueur de journée m’aide à vivre, ou même survivre ?

 

De quelle façon sommes-nous parfait ?

C’est justement là où ça devient intéressant.

Imaginez.

Avec vos enfants, et avec l’état dans lequel vous êtes à ce moment-là : fatigue intense, tension très importante, ras-le-bol… La seule chose à laquelle vous pensez c’est « du repos et du calme », parce-que vous en avez réellement besoin.

Le corps n’est pas bête, il sait ce dont il a besoin. Et c’est là le point clé de l’histoire, car c’est en ça que l’on est parfait :

Ce qu’on fait, on le fait toujours du mieux qu’on peut, pour nous,
au moment où on le fait.

C’est-à dire que ce qu’on va faire, à un instant donné, c’est la meilleure solution qu’on ait trouvé, pour nous, à ce moment-là, avec le contexte (émotion, pensée, etc…) dans lequel on est. La seconde d’après, c’est différent.

La seconde d’après vous pouvez vous dire « oh, j’aurais dû… » ou « oh, je n’aurais pas dû… ». Mais c’est trop tard, c’est déjà après, et votre état intérieur, le contexte dans lequel vous êtes est déjà différent.

Après avoir explosé, votre état émotionnel est différent, vous avez récupéré un peu de cerveau, et du coup vous pensez différemment, voire même, vous pensez tout court.

Sauf que la seconde d’avant, vu l’état dans lequel vous étiez, l’émotion était trop forte, le cerveau rationnel était coupé, et la seule chose que vous ayiez trouvé à faire à ce moment-là, car vous en aviez un réel besoin, et donc, la meilleure pour vous (j’insiste bien : pour vous) sur le coup, était de vider cette émotion en une fois, pour vous éviter « d’imploser ».

Et quand l’émotion est plus du côté du stress, de la tension, de la fatigue, de l’énervement, de la colère, etc… quand ça sort d’un seul coup, ce ne sont pas des bisous qui partent…

 

L’utilité pour maintenant n’est pas celle pour après

Certains vont peut-être contester en disant que même pour nous à cet instant, ça n’est pas la meilleure chose, car les conséquences…

Stop !

Les conséquences : c’est plus tard. Ce n’est pas à l’instant où ça se passe. Et peut-être que ce qui a été fait ou dit à ce moment-là aura des conséquences désagréables par la suite. N’empêche que, ce qui a été dit et fait à ce moment-là, c’est la meilleure chose qu’on ait trouvé, pour soi. Et oui, sinon on aurait fait autrement

Et c’est là toute la nuance. Car même si ce que l’on fait peut gêner l’atteinte d’un objectif, peut être désagréable pour les autres, engendrer des conflits, voire même abimer une relation, malgré tout, c’était quand même la meilleure solution qu’on ait trouvé à ce moment-là. Et ça nous a permis de répondre avec nos moyens du bord, à quelque chose qui était important pour nous, à cet instant-là.

Et la procrastination, c’est pareil.

Comme c’est impossible de ne rien faire, si on ne fait rien pour atteindre un certain objectif (procrastine), c’est qu’on fait autre chose pour atteindre un autre objectif. Et à ce moment-là cet autre objectif (possiblement inconscient), est sûrement plus important pour nous à remplir que d’agir pour remplir le premier objectif conscient.

Bon d’accord, admettons. Admettons qu’en effet, même si ça n’est pas la meilleure solution pour l’avenir, c’est la seule qu’on ait trouvé sur le coup (donc la meilleure pour nous sur le coup). Et après ?!

Si je me fais virer à cause de ça, si mon/ma partenaire me quitte après ça, ou si je reste bloqué des années sans avancer, ça me sert à quoi de savoir que c’était quand même la solution la « plus parfaite » pour moi, quand je l’ai fait?…

Suite dans un prochain article 🙂

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