Pour vous, la communication est-elle dans ce que l’on dit?

Aujourd’hui je vais vous raconter une histoire qui m’est arrivée il y a quelques années, quand j’étais en mission dans le désert pour faire de la prospection pétrolière.

J’étais basé au bureau de l’agence dans la capitale, et étais régulièrement amené à faire des missions sur le terrain. En général, on partait sur ces missions pour 2 mois non-stop, 7/7 jours, et on rentrait pour 1 mois de vacances.

 

Le contexte

Un jour, mon chef d’agence m’a demandé de partir donner un coup de main sur une mission pour 2 semaines. Il m’a demandé de le recontacter à la fin de ces deux semaines, pour voir comment organiser mon retour.

Pour votre info, le campement se trouvait à une heure d’avion + 1/2 heure de piste, en plein désert, donc pas le genre d’endroit duquel on peut partir comme on veut, quand on veut.

Je suis donc parti, et j’ai passé mes deux semaines dans le campement en plein désert. C’était ma première fois dans le désert, et même si ce n’était pas un campement nomade avec des dromadaires et des tentes, c’est une expérience qui m’a vraiment plu. Je partais la journée en voiture, seul, avec que du sable et des dunes autour… Expérience fantastique et inoubliable.

Les deux semaines se sont passées et comme convenu, j’appelle le chef d’agence pour lui dire que, ce pour quoi j’étais venu était fini, et je lui demande ce qu’il en est pour mon retour.

Là, il ne me donne pas vraiment de réponse claire, me disant que pour l’instant il ne sait / peut pas trop, et me demande de le recontacter une semaine plus tard.

La semaine passe et je le rappelle. Encore une fois, pas de réponse claire et il me demande de le rappeler 3 jours plus tard.

Les 3 jours passent et je le rappelle. Et là, le même scénario se répète à chaque fois: il me demande de le rappeler quelques jours plus tard, ce que je fais, et à chaque fois j’ai la même réponse: rappeler plus tard.

 

Et ça a duré environ 3 semaines comme ça. Il ne me donnait jamais de réponse claire et il reportait.

 

Un jour, 5-6 semaines après mon départ, il m’a quand même annoncé ma date de retour en me disant que le billet était acheté. Et je suis rentré.

Plusieurs mois plus tard, à l’agence, au cours d’une discussion avec un des gars qui était en partance pour la mission je me prends une remarque en pleine figure: il me dit que le chef d’agence leur avait raconté un jour, que je ne me plaisais pas sur la mission, que j’étais un râleur, toujours à me plaindre et à pleurer pour rentrer et quitter la mission, etc…

Ca m’a fait tout bizarre parce-que ce n’était pas du tout le cas, et honnêtement, la vie là-bas me plaisait bien.

 

Mais alors, qu’est-ce qu’il s’est passé?

Ce n’est que plusieurs années plus tard, avec du recul, quelques formations complémentaires sur la communication, le relationnel, etc… et un peu plus d’expérience, que j’ai compris ce qu’il s’était passé entre nous:

A chaque coup de téléphone que je lui passais, je lui rappelais ce qu’il m’avait dit (2 semaines sur le camp) et lui demandais ce qu’il en était pour mon retour.

En fait, ce que je voulais, c’était simplement qu’il me donne une date de retour, quelle qu’elle soit. Il m’aurait dit, dès le début: « Tu vas rester 2 mois comme tout le monde », j’aurais dit « d’accord » (en même temps, je n’aurais pas eu trop le choix…). Ce que je voulais c’était simplement avoir une réponse claire. Il ne me l’a jamais donnée.

Et moi, très discipliné (j’étais encore assez inexpérimenté et probablement un peu naïf, à cette époque), je faisais ce qu’il me disait: je le rappelais, espérant à chaque fois avoir une réponse digne de ce nom.

Lui, de son côté, qu’est-ce qu’il entendait? Un gars qui n’arrêtait pas de lui téléphoner tous les 2-3 jours pour lui rappeler qu’il ne devait rester que 2 semaines, et qui pleurait pour avoir une date de retour.

En bref, on ne s’était pas compris:

      • Le message que je voulais lui envoyer: connaitre simplement ma date de retour.
      • Le message qu’il comprenait: je pleure pour rentrer

Et donc inconsciemment, c’est ça le message que je lui émettais

Ici on touche un élément clé de la communication :

La communication n’est pas dans le message qu’on émet, mais dans la réponse qu’on obtient.

 

Ces exemples vous paraissent familiers?

  • Vous envoyez un courrier et la personne vous répond complètement à côté
  • Vous donnez un message en réunion, et quand vous voyez les retours qui vous sont fait vous vous demandez: on était à la même réunion ou pas?
  • Vous envoyez un mail en vous disant « je leur ai communiqué l’info: je l’ai envoyé, c’est bon.« 
  • Vous vous acharnez à répéter la même chose, et en face, la personne ne comprend toujours pas: « Mais Bor…el de M…de, ça fait 50 fois que je lui répète la même chose et il/elle n’a toujours rien compris, qu’est-ce qu’il/elle a dans le crâne? »
  • Etc…

Ca vous rappelle des choses? 🙂

A chaque fois, on est là-dedans:

« Je crois que, parce-que j’émets un message qui ME paraît clair, alors j’ai fait mon boulot, j’ai communiqué. »

 

Et après?

A la lumière de ce que vous venez de lire, à partir de maintenant, chaque fois que vous avez un retour qui n’est pas en rapport avec, ou qui ne va pas dans le sens de ce que vous avez envoyé, vous pouvez voir ça comme un signal d’alarme qui vous dit que votre message n’a pas été suffisamment clair pour l’autre.

Peut-être que pour vous il est limpide, mais si en face votre interlocuteur ne percute pas, alors la communication n’est pas passée. Donc il y a quelque chose à modifier.

Maintenant, il est vrai que certaines personnes vont comprendre plus vite que d’autres. C’est normal, on est tous différents. Ca va donc être à nous d’adapter notre langage à notre interlocuteur.

Facile à dire, mais comment on fait? Et aussi comment on sait si il a compris correctement?

  • Pour le « comment on fait » il existe des méthodes pour écouter et adapter son langage, mais là on sort du cadre de cet article. Ca pourra peut-être faire l’objet d’un autre article… 🙂
  • Pour le « comment on sait« , là, je vous renvoie la question (et la réponse vous la connaissez):

A votre avis, comment vous pouvez savoir si votre interlocuteur(trice) a bien compris ce que vous lui avez dit?

 

Et de mon côté c’est pareil:

Je ne saurai si j’ai bien communiqué mon message dans cet article qu’avec les retours que vous m’en ferez via vos commentaires. C’est seulement là que je saurai ce que vous en aurez compris. Avant ça, même si pour moi ça me parait clair, je ne saurai pas comment mon message est passé, donc je ne pourrai pas dire si j’ai communiqué correctement.

Voir aussi la fin de l’article « La relation?… Tu parles?! » avec les 9 façons de ne pas se comprendre.

D’ailleurs, d’après vous, qu’est-ce que j’ai voulu communiquer dans cet article?

🙂