Et vous, comment structurez-vous votre temps ?


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 3. Le passe-temps

Le passe-temps correspond à un échange sans réel objectif au bout, à part celui de passer le temps avec des personnes qu’on ne connait pas vraiment. Ce sont les genres de conversation de café sur la pluie et le beau temps. Ici, les rôles sont en général bien répartis et tout le monde est d’accord. Les thèmes vont varier en fonction des groupes sociaux :

    • de mon temps
    • mes vieilles douleurs
    • qu’est devenu (ce cher Antoine…)
    • la politique
    • les comparaisons de voitures
    • les soldes
    • la maison (de campagne, de vacances, des parents, etc…)
    • les dernières vacances
    • etc…

 

4. L’activité

Ce type d’interactions est toujours orienté vers un but, avec un objectif de résultat : sport, travail…
Les transactions sont le plus souvent complémentaires. L’activité implique le risque d’échouer et la satisfaction de réussir (les résultats sont mesurables).  C’est donc un bon fournisseur de signes de reconnaissance conditionnels.

 

5. Les jeux

Le jeu est une façon de structurer le temps qui met en scène au moins deux partenaires. Il obéit à des règles précises et se compose, pour citer Eric Berne (le fondateur de l’analyse transactionnelle) « d’une série de transactions cachées, complémentaires progressant vers un résultat bien défini, prévisible ». 
Il se déroule suivant un schéma répétitif, qui n’est pas maitrisé par les « joueurs ». En final, il y a toujours une « perte bénéfice » pour les partenaires impliqués, qui se traduit par de la dévalorisation, de l’évitement, de la non-action, etc…

La durée des jeux est très variable, elle peut aller de quelques secondes à plusieurs mois, voire années. Le système du jeu est mis en place dès l’enfance. Ce sont les répétitions des premières solutions trouvées par l’enfant pour conserver le lien à l’autre (les adultes dont il dépend) et satisfaire ses besoins. Les jeux sont des moyens d’assouvir le besoin de reconnaissance qui constitue la dynamique des relations instaurées avec les autres et le monde, pour se sentir exister et appartenir à un groupe social.

Ses étapes suivent en général un schéma bien défini :

    1. Amorce
    2. Point faible
    3. Réponse
    4. Coup de théâtre
    5. Confusion
    6. Bénéfices négatifs

Par exemple, une petite fille s’adresse à son petit frère en lui montrant une part de gâteau :

    1. « Tu la veux » (Amorce de la part de la sœur)
    2. Crédulité du garçon (point faible)
    3. « Oui » (réponse du garçon)
    4. « Tu ne l’auras pas » (coup de théâtre de la part de la sœur)
    5. La fille mange le gâteau (confusion du petit frère)
    6. Satisfaction de voir la déception de son frère (bénéfice négatif pour la sœur)

Le bénéfice peut aller d’une simple égratignure psychologique au conflit grave. Cependant, à court terme les jeux présentent quelques avantages, comme par exemple :

    • structurer le temps
    • permettre d’éviter la relation d’intimité
    • procurer des signes de reconnaissance, même s’ils sont négatifs
    • se rassurer dans un monde imprévisible…

Les exemples les plus courants de jeux sont ceux qui ont été remis dans ce qu’on appelle le triangle dramatique (triangle de Karpman) : le sauveteur, la victime, le persécuteur.

Sauveteur : « Je peux t’aider », « Allez laisses-moi faire à ta place « , « Je veux seulement t’aider »… La personne laisse penser qu’elle agit de façon purement désintéressée pour aider l’autre alors qu’elle agit d’abord pour flatter son ego et se donner bonne conscience. Si la victime vient à refuser l’aide, le sauveteur peut se mettre en colère ou se vexer et passer dans la position de victime ou de persécuteur.

Victime : « Cela n’arrive qu’à moi », « Mais qu’est-ce j’ai fait pour mériter ça », « J’ai jamais de chance », « pardonne-moi », « j’essaie, mais je n’y arrive pas  » … La personne se fait passer pour une victime pour obtenir autre chose.

Persécuteur :  » Tu veux ma mort », « Tu veux vraiment que je parte », « Toi, toi il n’y en a que pour toi », « Tu n’es pas assez bien pour… » Le persécuteur fait croire à sa victime qu’elle est la cause de ses malheurs alors qu’il agit d’abord pour son plaisir personnel.

En général, on tend à avoir une position privilégiée (celle qu’on va utiliser plus souvent), mais si on voit qu’elle n’apporte pas le résultat voulu, inconsciemment on peut très bien passer dans les autres rôles tour à tour pour tenter d’obtenir ce qu’on veut.

Rester dans ces jeux n’amène qu’une « perte bénéfice ». Une façon de sortir de ce triangle dramatique est de passer dans ce qu’on appelle le triangle des 3P (Permission, Protection, Puissance). Ca pourra faire l’objet d’un prochain article…

 

6. L’intimité

C’est une relation dans laquelle chacun se sent accepté pour ce qu’il est et encouragé à s’épanouir. Elle implique un véritable intérêt pour l’autre, et se ressent plus dans l’ambiance que dans les échanges eux-mêmes. On peut bien sûr ne pas être d’accord, et échanger des signes de reconnaissance négatifs, mais comme c’est une situation de vérité, de transactions franches et directes entre les personnes, il est quand même possible d’arriver à quelque chose de constructif en final.

 

Et vous, de votre côté, avez-vous conscience des différentes façons avec lesquelles vous structurez votre temps ? Qu’est-ce qu’elles vous apportent ? De quelles façons elles vous aident ou vous gênent dans l’atteinte de ce que vous voudriez ?

Concernant les jeux plus en particulier, avez-vous conscience de ceux dans lesquels vous rentrez ou dans lesquels on essaye de vous faire rentrer ? Vous pouvez vous amuser à vous observer et repérer à quels moments vous rentrez dedans. Posez-vous aussi la question des raisons pour lesquelles vous vous êtes laissé entrainé dans ces jeux, même si vous aviez senti le piège.