Juin 18 2012
J’ai cru que je pouvais réaliser un rêve…
Un jour j’ai eu un rêve.
Enfin, quand je dis « un jour », c’est plutôt pendant une période de temps. Ca a duré plusieurs années en fait, ce rêve, avant qu’il ne se réalise.
Je pratique les arts-martiaux depuis plusieurs années, et j’ai eu l’occasion de m’essayer à plusieurs styles, mais après un certain temps, je me suis rendu compte que je n’avais pas vraiment d’expertise dans un style en particulier.
Ca m’arrivait de m’y mettre à fond pendant un temps– et quand je dis à fond, c’est genre 7-8h par jour pendant plusieurs semaines- mais après, je laissais tomber; je passais à autre chose.
J’ai donc eu ce rêve, cette envie, cette lubie, de partir pendant un an, en Chine, dans l’école d’un style d’art martial que je voulais pratiquer, pour m’y mettre à fond, et en ressortir avec une expertise, un niveau suffisant qui me permette de le transmettre si j’en avais envie.
Ce qui me plaisait (et me plait toujours d’ailleurs) dans ce style, c’est qu’il enseigne explicitement comment unifier la tête, le corps et le coeur; comment faire en sorte que le mouvement, l’intention et le ressenti soient cohérents, en accord, et aillent dans la même direction, tout en étant présent dans toutes les autres directions en même temps.
Tout un programme n’est-ce pas? 😉
J’étais bien décidé à le faire, mais je ne savais pas trop comment m’y prendre. Je ne savais pas par quel bout démarrer.
J’étais en formation à ce moment-là, et j’ai mis en place un outil que j’ai appris.
Visualiser l’objectif
- Je me suis d’abord donné un délai pour partir: 2-3 ans.
- Après, j’ai écrit sur des feuilles de papier mon objectif, puis, en vrac, toutes les étapes que je pensais nécessaires pour y arriver. Par exemple:
Parler un peu le chinois. Apprendre des rudiments de chinois. Acheter le billet d’avion. Me renseigner sur l’école, le lieu, les tarifs. Quitter mon boulot. Rendre l’appartement. Déménager. Trouver un endroit où mettre mes meubles. Une fois sur place, trouver à me loger. Prévoir le budget. Etc…
- Ensuite, j’ai mis toutes les feuilles au sol sur une ligne, dans l’ordre chronologique que je m’imaginais: au début, la première action que je devais faire pour commencer, tout au bout, l’objectif.
- Puis, je me suis mis debout sur chacune des feuilles en me posant 3 questions:
- Est-ce que cette étape est à sa place?
- Est-ce qu’il y a besoin d’étapes supplémentaires avant d’arriver là?
- Comment je me sens sur cette étape?
– S’il y avait besoin d’une étape supplémentaire avant, je l’écrivais sur un autre bout de papier et la plaçais au sol. Je me remettais dessus et me reposais les mêmes questions.
– Si je trouvais que l’étape n’était pas à sa place, je la bougeais et revenais à l’étape précédente
– Si je ne me sentais pas bien sur cette étape, je la changeais pour être plus confortable dessus (ex: modifier le libellé, changer l’action, en rajouter une en parallèle, etc…)
Jusqu’à ce que j’arrive au dernier papier: l’objectif.
Là, pareil, quand j’étais dessus:
- Comment je le sens? Après tout ce que je viens de faire, est-ce que je valide l’objectif tel quel? Est-ce qu’il a changé? Comment?
- Est-ce qu’il y a encore besoin d’étapes intermédiaires avant d’y arriver?
Une fois que j’ai tout validé, j’avais mon plan d’actions:
- mon but
- les différentes étapes pour y arriver.
Et après…
Dans la vraie vie, je n’ai pas suivi les étapes exactement dans l’ordre défini à ce moment-là. Et c’est souvent ce qui se passe d’ailleurs: On planifie, et après il y a souvent des petites modifs.
Mais le gros avantage c’est que ça m’a permis d’y voir plus clair sur comment m’y prendre concrètement, et de commencer à m’impliquer physiquement dedans.
En se mettant debout et en « vivant » chaque étape, on se l’approprie aussi avec et le corps, et le ressenti (et non pas qu’intellectuellement), ce qui fait qu’on commence déjà à la faire vivre en nous à ce moment-là: en final, elle a plus de chance de se faire.
Je m’étais donné un délai de 2-3 ans: J’ai fait l’exercice pour ce projet, en 2007, et je suis parti en 2009.
Je reconnais que quand je suis parti, j’avais un peu oublié l’exercice, et les délais que je m’étais donné. Mais j’ai trouvé ça amusant: je suis parti dans le temps que je m’étais fixé.
Par contre, j’étais parti pour un an au départ, finalement je suis resté deux ans… 🙂
——————
J’ai cru que je pouvais y arriver… ça a pris un peu de temps, mais j’ai fini par le faire, et j’en suis très content 🙂
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Dans l’article « Définir un plan d’action clair et réaliste: par où commencer? » je vous donne une autre méthode pour définir les étapes, et surtout trouver la première par laquelle commencer.
Et vous, y-a-t-il un rêve que vous avez réalisé, ou que vous avez envie de faire? Comment vous y êtes-vous pris pour le mettre en place?
Pascal Vigneron
19 juin 2012 @ 00:55
Bonjour Philippe,
C’est sympa de nous faire partager ton expèrience, et ta vision de choses, pour ma part comme tu le sais déja nous avons le même rêve en commun, mais pour moi ca c’est passé différemment, je n’ai rien planifié, j’ai juste suivit mon instinct sans me poser de question, mon secret de réussite, c’est que je garde ma ligne de conduite quoi qu’il arrive, quand je décide d’entreprendre quelque chose, je ne me donne pas la chance de me poser des questions, je m’y engage complétement, car si nous pensons trop, nous n’agissons pas et perdons un temps prècieux qui est bien plus rentable dans l’expèrimentation de l’action, comme dit une chanson d’Alain Souchon, on avance, on avance, on avance, on a pas assez d’essence pour faire la route dans l’autre sens!
Le cadeau dans un rêve , ce n’est pas d’y arriver, mais c’est le chemin à suivre pour y accèder, car il faut une sacré force de caractère pour ne pas se perdre en route!
Amitié.
Pascal
Philippe
19 juin 2012 @ 11:25
Bonjour Pascal,
Merci pour ton commentaire. 🙂
En effet, on partage un rêve commun, et en effet, je suis complètement d’accord avec toi qu’à trop réfléchir, on ne fait jamais rien.
Maintenant, ce que certaines personnes qui sont trop dans l’action ne voient pas tout le temps, c’est que l’action pour l’action tue l’action…
Si, à trop se poser de questions on n’avance pas, à ne pas s’en poser assez, on peut ne pas avoir le résultat escompté, ou en tous cas pas aussi rapidement qu’on le croit.
Parfois, si on se lance tête baissée dans un truc, sans y réfléchir ou prendre un minimum de recul avant, on croit qu’on arrive à quelque chose, parce-qu’on est dans l’action, mais en fait, c’est une action qui n’est pas aussi productive qu’elle pourrait l’être, voire parfois pas du tout.
Si on avait pris un peu de temps avant pour se poser, réfléchir un peu (pas y passer toute sa vie, on est d’accord 🙂 ), prendre du recul, on aurait pu faire différemment de façon plus optimisée.
J’aime bien ta remarque quand tu dis « je ne me donne pas la chance de me poser des questions« . 🙂 C’est vrai que c’est une chance, presque un luxe qu’on se donne de moins en moins, par peur de ne pas assez agir, surtout qu’aujourd’hui on est de plus en plus pressé par le résultat, l’action, le rendement, où tout doit aller vite, et où se poser devient presque une tare, une pénalité.
Maintenant, tu vois, un projet comme celui-là, si je ne m’étais pas posé un minimum avant pour réfléchir aux grandes lignes de ce que je devais faire, je ne l’aurais probablement jamais fait.
Je ne suis pas un roi de l’organisation, loin de là, c’est d’ailleurs en général plutôt l’impro ;), mais là il me fallait un minimum quand même.
Ensuite, une fois sur place, là, je suis complètement d’accord avec toi: j’étais dans l’expérimentation, et l’action. Je ne posais plus de questions sur si je devais le faire ou pas. Les questions que je me posaient étaient plus sur: comment optimiser ce que j’apprends, est-ce que je le fais correctement, etc… et de l’expérimenter, évidemment ;)… en étant toujours branché sur le ressenti de ce que je faisais.
🙂
Ici, le but de cet article, était de montrer, par l’exemple vécu, une méthode de visualisation d’objectif, où la personne est impliquée dans son ensemble: l’intellect, le ressenti, le corps/mouvement.
Si mon rêve de partir a été réalisé, comme tu le dis si bien, il reste maintenant à faire le chemin. Et lui, il ne fait que commencer… 🙂
Emmanuel Cadon
29 juin 2012 @ 17:01
Bonjour,
Je travaille dans le champ de l’économie sociale.
Nous sommes une association qui propose du transport scolaire, des accueils de loisirs, de l’événementiel…
Votre pensée sur la réflexion / action me fait penser au quotien où nous sommes en lien étroit avec notre collectivité locale.
Ainsi si la collectivité est parfois sujette à des obligations de résultat ou des échéances électorales (l’action est privilégiée), l’association, portée par son projet associatif, se nourrit plus dans la durée et le sens des choses.
Par ailleurs, l’organisation ou la structuration administrative cadre les idées et l’improvisation associative. C’est un peu caricatural mais l’un a besoin de l’autre pour progresser.
L’équilibre se trouve dans la manière de fédérer les hommes avec le projet.
Sans projet, les hommes se dispersent.
Sans homme, le projet est bien joli mais…
C’était une petite réflexion avant notre action de monter dans le ch’nord pour le baptême de Julio dont Marie, ma fille, sera la marraine.
Un projet réfléchi actionné par des hommes et des femmes.
A bientôt.
Philippe
29 juin 2012 @ 19:35
Bonjour Emmanuel,
Merci pour ta réflexion qui illustre bien que la pensée et l’action sont complémentaires.
De mon côté je ne trouve pas ça caricatural: l’un a en effet besoin de l’autre pour progresser de façon utile et efficace. Et si en plus on y rajoute un peu de coeur, là on est complet. 🙂
A bientôt et bienvenue dans le ch’nord 😉
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