Le monde nous est-il si hostile?

Cet article est écrit dans le cadre de l’édition mensuelle de la croisée des blogs du mois de septembre.

Ce mois-ci elle est organisée par Mikael du blog Wikoaching

 

 

Le thème de cette édition est : Peut-on réussir sans apprendre à se défendre

 

Se défendre pour survivre

Se défendre pour survivre, ça peut se comprendre, et toute entité vivante sur terre ne fait que ça depuis le début de son existence, et continue encore, humains y compris.

Evidemment pour nous, ce n’est pas la même chose qu’il y a quelques millions d’années quand nous vivions dans des grottes, où nous devions nous défendre physiquement contre des agresseurs qui voulaient nous manger, mais d’une certaine façon, on continue toujours à se défendre pour survivre.

Par exemple: notre corps est toujours en train de se défendre contre des invasions microbiennes, bactériennes, etc… et sa survie dépend d’un subtile équilibre des forces entre ces différentes bactéries et autres bestioles en tous genre.

Toute vie sur terre, à une échelle macro ou micro, se défend pour survivre.

Donc survire sans se défendre, qu’on le veuille ou non, là ça me parait en effet difficile.

 

Se défendre pour réussir…

Maintenant, réussir sans se défendre, est-ce que c’est vraiment pareil?

Formuler les choses de cette manière veut dire qu’on part du principe que par essence, le monde autour de nous, nous agresse et nous attaque pour nous empêcher de réussir ce qu’on veut faire.

Pour être un peu provocateur, c’est se dire qu’à la base, le monde qui nous entoure, et surtout les gens, sont des « ennemis », sont contre nous, contre notre réussite et nous devons donc nous défendre pour y arriver.

Si quelqu’un fait quelque chose qui ne va pas dans la même direction que nous, qui ne nous supporte pas, c’est que forcément, son intention est contre nous, et donc nous devons nous défendre

Dit comme ça, ça parait assez sombre comme vision du monde, non?

Et pourtant, quand on y pense, c’est une façon de voir les choses qui est complètement ancrée dans le langage commun :

    • Défendre son point de vue, ses opinions
    • Se défendre bec et ongles
    • A son corps défendant
    • Défendre ses couleurs
    • Défendre son honneur
    • Défendre une thèse, un mémoire,
    • Etc…

Que d’agressions, pour engendrer autant de défenses…

Car quel besoin de se défendre si on ne se sent pas agressé ou attaqué?

 

On est ici dans un positionnement en « pour/contre », « ami/ennemi » qui somme toute est plutôt polaire. Un peu comme si nous réagissions de la même façon qu’à la préhistoire et comme si notre survie en dépendait.

Notre société a évolué énormément depuis cette époque, mais il semblerait que nos mécanismes d’interactions avec notre entourage, eux, n’aient pas changé, et restent assez archaïques.

Réussir et survivre seraient donc au même niveau, voire identique?

Et qu’est-ce qu’il se passe si on ne réussit pas? On échoue? Et si on échoue, on meurt?

Vraiment?

Si on prend la définition du Larousse de « réussir », voilà ce qu’il en dit:

  • Avoir un résultat heureux, se terminer par un succès, réaliser ses ambitions
  • Croitre, se développer favorablement

 

Réussir serait donc comme un combat permanent où il faut se défendre d’agressions ?

L’être humain est social, et ne peut se développer sans interactions avec son entourage, en général ses pairs, les gens qui l’entourent. Donc forcément, les agressions viendraient de ces gens autour car s’ils ne sont pas « avec » nous, ils ne peuvent être que « contre » nous, et nous empêcher de réussir.

On a donc d’un côté les « bons » qui nous aident, et de l’autre les « mauvais » qui nous empêchent.

C’est assez manichéen, non?

Encore une fois le langage courant nous rappelle que « il faut se battre pour réussir » en nous disant que ce sont les battants qui réussissent…

… c’est-à-dire ceux qui savent se battre.

Et en effet, qui dit « se battre » d’un côté, dit évidement « agression », et donc « défense » de l’autre côté.

Normal.

 

Faut-il vraiment se défendre?

Prenons l’exemple d’une discussion avec des points de vue divergents.

Imaginons-nous dans un débat à « défendre » nos arguments « contre » ceux de quelqu’un d’autre. Et ce quelqu’un d’autre peut très bien être un ami

Si on suit cette logique manichéenne, et si les arguments de notre interlocuteur ne vont pas dans le même sens que les nôtres, c’est donc qu’il est « contre » nous, et donc nous devons « défendre » notre point de vue.

Et bien entendu, notre interlocuteur aura la même impression à notre égard quand nous ne sommes pas d’accord, car forcément nous sommes « contre » si nous ne sommes pas d’accord.

 

D’aucuns vont dire que dans certains cas ça peut l’être.

Moi je dirais que dans le fond, dans aucun cas ça l’est...

J’aborde cet aspect sur le fait de savoir dire non dans la relation amoureuse, mais le principe est exactement le même dans n’importe quel type d’interaction, à partir du moment où il y a une différence d’opinion (à part évidemment une agression réelle qui peut mettre la vie en danger).

Quand nous donnons nos arguments à notre interlocuteur, et que ceux-ci ne vont pas dans le même sens que lui, est-ce que dans le fond, notre intention est de l’agresser, de l’attaquer?

Non.

Donc dans ce cas, quel raison à « défendre » son opinion, s’il n’y a pas d’agression?

Alors que cherchons-nous dans le fond ?

    • Le dominer? Non
    • L’écraser? Non plus
    • Le convaincre? Peut-être mais c’est hors de notre contrôle car en final c’est lui qui va décider s’il est d’accord ou pas avec nous.

Ce qu’on cherche dans une discussion, ce qu’on cherche quand il y a un désaccord, en final, c’est simplement de se positionner. Positionner son opinion, ses arguments, sa situation, etc…

Et ce que je fais quand je veux réussir, c’est simplement me mettre dans une 
position où je peux réussir, où je peux atteindre mon objectif, quel qu’il soit.

 

Donc avant tout, ce n’est pas contre l’autre que je le fais, mais pour moi.

 

Apprendre à se positionner

Et là, ça change tout. Certains peuvent dire que ce n’est qu’un point de vue, qu’un jeu sur les mots pour voir les choses différemment, mais que dans le fond c’est la même chose.

Moi je dis que ce changement de point de vue fait une énorme différence, et que c’est justement parce-que dans le fond ce n’est pas la même chose que la différence est si énorme.

Imaginez.

Vous savez que la personne en face de vous n’est pas contre vous. Est-ce que vous ressentez encore le besoin de vous défendre?

 

    • Si au lieu de « protéger » son jardin secret en couple on apprend plutôt à s’affirmer et se positionner avec un respect mutuel pour avoir un espace qui nous est propre et personnel, a-t-on encore besoin d’apprendre à se défendre?
    • Si, pour vendre un produit, au lieu de « défendre » sa niche on apprend plutôt à se positionner de façon à avoir un produit qui réponde à un besoin spécifique du client, par exemple, a-t-on encore besoin d’être dans la défense?
    • Si au lieu de « protéger » son capital on apprend plutôt à le placer de façon à ce qu’il soit le plus stable ou prospère possible et le moins sensible aux variations du marché, là non plus, on n’est plus dans une optique de défense.

Ce simple changement de point de vue fait une différence énorme dans ma façon d’interagir avec mon entourage.

Donc du coup pour réussir il ne faut plus savoir se défendre mais plutôt apprendre à se positionner.

      • Se positionner c’est pour moi que je le fais

      • Se défendre c’est contre l’autre que je le fais.

         

Maintenant, je reconnais que le comportement de notre entourage peut parfois prêter à confusion, et que l’on peut se sentir agressé.

Donc naturellement, si on se sent agressé, on se défend, c’est normal. Mais si on sait qu’à la base l’autre ne cherche pas à nous agresser mais simplement à se positionner, alors on n’est plus dans un jeu d’attaque et de défense, mais dans une logique de positionnement mutuel.

On ne cherchera plus à être « le plus fort », mais à trouver un positionnement, une situation qui nous est le/la plus approprié(e).

D’une certaine façon on se crée notre réalité.

De voir le monde comme « hostile » n’est qu’un point de vue, et si cela devient notre réalité à force de le croire, ça n’est pas forcément celle de tout le monde. Si on change de point de vue, on peut changer cette réalité.

 

L’astuce du jour

Observez, imaginez, sans juger ni critiquer, les changements que cela procurerait dans votre vie si vous saviez que les gens n’étaient pas contre vous. Seriez-vous toujours autant sur « la défensive »?

Comment réagiriez-vous si vous saviez que finalement dans le fond, ils ne cherchent pas à vous agresser, mais simplement à se positionner; que leurs réactions qui peuvent parfois paraitre agressives ou abusives, ne sont en fait qu’une réaction de positionnement personnel face à leurs propres peurs ou souffrances.

Est-ce que vous seriez toujours dans une optique de défense/contre-attaque ou plutôt dans une recherche d’ajustement de votre position ou de vos réactions par rapport à ce qui vous arrive?

Car finalement vous ne verriez plus une agression mais la souffrance de l’autre qui sort de façon incontrôlée.

Comment le vivriez-vous?

🙂