Nov 10 2012
L’échec existe-t-il ?
Réussir ou échouer.
Qui n’a jamais préféré se retrouver dans le premier cas plutôt que dans le deuxième?
Car c’est bien connu, il faut réussir dans la vie !
Chacun y met sa propre définition de ce qu’est la réussite, bien entendu, et chacun la met au niveau qu’il veut: financière, matérielle, relationnelle, amoureuse, etc…
Mais quoi qu’il en soit, il faut réussir…
D’ailleurs, dès tout petit, c’est quelque chose que par éducation, on ancre dans notre façon de penser:
- A l’école déjà, on nous pousse à la réussite et nous récompense quand on l’atteint.
- D’un autre côté, la tendance est à la punition ou au dénigrement quand c’est à « l’échec » qu’on arrive.
Au mieux on va essayer de nous réconforter en nous disant des choses comme: « c’est pas grave, tu feras mieux la prochaine fois ». Mais même là, on se focalise encore sur la « non-réussite »: ce n’est peut-être pas grave, mais c’en est quand même une…
Et pourtant, quand on y pense, est-ce que l’échec existe vraiment?
Dans notre définition courante, l’échec est ce qui arrive quand on ne « réussit » pas.
Voici ce que dit le Larousse concernant l’échec:
- Résultat négatif d’une tentative, d’une entreprise
- Manque de réussite.
Ici, « négatif » est dans le sens de « négation », « ne pas ». Le sens de cette phrase devient donc:
Ne pas avoir de résultat lors d’une tentative, d’une entreprise.
Pareil pour le « manque » de réussite. Ici, « manque » est dans le sens de « ne pas avoir », et non « ne pas avoir assez ».
Ne pas avoir assez de réussite, ça n’a pas vraiment de sens, non? : « J’ai un petit peu de réussite, mais pas assez, j’aimerais en avoir plus… »
« Manque de réussite » veut donc dire « ne pas avoir de réussite ».
« Ne pas avoir de résultat »: est-ce vraiment possible?
Or, quand on y pense, pour ne pas avoir de résultat du tout, pour n’arriver à rien du tout, la seule chose à faire, est justement de ne rien faire. Si je ne fais rien, alors pour sûr, je n’aurai rien.
Mais dans ce cas, peut-on encore parler d’échec, vu que l’on n’a rien commencé?
Non bien sûr.
D’autant que d’après la définition ci-dessus, l’échec est l’absence de résultat après une tentative ou une entreprise. Il faut donc bien commencer à entreprendre pour pouvoir parler d’échec.
On peut aussi se poser la question de savoir si « ne rien faire » est vraiment possible. Personnellement je ne pense pas, mais ceci un autre débat.
Ce qui veut donc dire que, et c’est là où ça change tout:
A partir du moment où je commence quelque chose, forcément j’arrive à un résultat.
Pas nécessairement celui que j’aurais voulu au départ, certes, mais un résultat quand même, donc ce n’est pas rien.
Il n’y a pas absence de résultat.
Et donc s’il ne peut pas y avoir « absence de résultat » quand je commence quelque chose, il ne peut pas y avoir « échec »…
Logique non?
D’un autre côté, l’échec est quelque chose que tout le monde, d’une façon ou d’une autre, cherche par de nombreux moyens, à éviter.
Un peu comme si, à ce niveau-là, notre vision était binaire: soit j’obtiens le résultat que je veux, soit c’est l’échec, l’absence de résultat, le « rien »…
Et dans notre culture française, comme on a tendance à voir plutôt ce qui ne va pas (pour l’améliorer bien entendu) que ce qui est déjà fait et qui va, si la case « résultat voulu » reste vide, on n’a donc « rien ».
Très polaire n’est-ce pas?
Changer de point de vue
Et pourtant, l’arrivée à cette case finale ne se fait pas par un saut quantique à partir de la case démarrage. C’est un processus, un chemin, plus ou moins long, jalonné d’étapes plus ou moins nombreuses.
Et ces étapes ne sont pas « rien ». Ce sont déjà des résultats.
A partir du moment où on commence la première étape, alors on a forcément un résultat.
Peut-être pas concret ni palpable, peut-être qu’il se situe au niveau de la réflexion, de la maturité de l’idée, mais par rapport au point zéro, qu’on le veuille ou non, c’est déjà une avancée, donc un résultat.
Du coup, si le résultat voulu n’est pas celui attendu, au lieu de le voir comme un échec, on peut tout simplement, et de manière très concrète, le considérer comme un autre résultat (et non pas une absence de résultat), comme une étape intermédiaire, supplémentaire, à laquelle on n’avait pas forcément pensé au départ.
Certes, suivant l’ampleur du projet, les délais et les coûts peuvent en être affectés, mais on peut aussi très bien prendre cette opportunité comme une possibilité d’affiner, de modifier voire même de réorienter sa stratégie:
« Je m’y suis pris de telle façon et je suis arrivé à un autre résultat que celui voulu. Qu’est-ce que je peux faire et comment, pour arriver à ce que je voulais au départ? »
Bien entendu, cela peut parfois demander un peu de réflexion pour savoir à quoi on est arrivé. Dans ce cas, des questions du type:
- Qu’est-ce que j’ai quand même réussit à faire?
- Qu’est-ce que j’ai appris?
- Qu’est-ce que je peux tirer de ce que j’ai?
- Qu’est-ce qui marche ou qui a marché?
- Où est-ce que j’en suis concrètement, par rapport au point de départ?
- Qu’est-ce que le résultat que j’ai m’a quand même apporté?
- Etc…
… Peuvent aider à y voir plus clair.
Et maintenant…?
Certaines personnes peuvent le voir comme un simple jeu de sémantique, purement intellectuel.
D’un autre côté, de voir les choses sous cet angle peut déjà simplement aider à vivre plus sereinement ces soi-disant échecs.
Certes, de voir le résultat obtenu comme une étape intermédiaire et non un échec ne va pas le changer en soi, et ne va pas le transformer, comme par magie, en ce que je voulais au départ.
Le résultat reste le même. C’est ma façon de le percevoir qui change. Et c’est justement ça qui fait toute la différence:
- Que devient un problème si je ne le vois plus comme tel ?
- Que devient un échec si je ne le vois plus comme tel?
C’est le changement de point de vue sur ce que je vis qui me permet d’évoluer.
… A vous de jouer
En vous aidant des questions ci-dessous, à titre d’exemple, vous pouvez, vous aussi vous amuser à changer de point de vue sur vos « résultats qui ne sont pas ceux attendus ».
- Qu’est-ce que vous avez vécu comme un échec?
- Comment vous pourriez le voir pour que ça n’en soit plus un?
- Qu’est-ce que vous avez obtenu/appris malgré tout?
- A quoi êtes-vous quand même arrivé?
- Quelles évolutions y a-t-il eut par rapport au point de départ?
N’hésitez pas à partager vos expériences dans les commentaires ci-dessous. De cette façon vous pourrez peut-être, vous aussi, aider d’autres personnes à changer de point de vue sur ce qu’elles considèrent comme un échec, et donc à avancer.
🙂
Quentin Cottereau
19 novembre 2012 @ 12:31
J’adore ton article Philippe ! Il rejoint tout à fait ma manière de penser.
D’ailleurs, cette notion d’échec me fera toujours penser à Thomas Edison, lorsque quelqu’un lui a demandé « Qu’est ce que ça fait d’avoir échoué plus de 2000 fois, avant de réussir à inventer l’ampoule électrique ? » Thomas Edison répondit « Non, je n’ai pas échoué, j’ai simplement découvert 2000 méthodes qui ne fonctionnent pas ! »
Philippe
19 novembre 2012 @ 18:50
Bien vu!
Merci pour cet apport que je trouve aussi tellement juste.
🙂
fedwa
31 décembre 2012 @ 17:09
Merci, j’ai trop aimé votre article.
Philippe
2 janvier 2013 @ 10:29
Merci 🙂