Cet article est écrit dans le cadre du festival de la croisée des blogs proposé tous les mois par le site Devperso.org Ce mois-ci c’est Alexandre du blog Ceclair qui nous propose ce superbe thème : ralentir pour réussir
Ralentir pour réussir…
Un beau thème, surtout pour l’été et les vacances. Prendre le temps, faire une pause, se ressourcer, un sujet bien à la mode en ce moment.
Il est vrai qu’aujourd’hui on entend beaucoup parler de « zen attitude » . Un peu partout fleurissent des cours de yoga, de relaxation, de bien être, de détente, sophrologie, méditation… toutes ces approches où l’on apprend à prendre son temps.
A perdre son temps ?
D’aucuns vont dire que c’est pour compenser l’agitation constante dans laquelle on vit en permanence, dans laquelle le monde nous entraine, ou plutôt dans laquelle on s’auto-entraine : c’est nous et nous seul qui nous sommes entrainé à ce rythme, pas le monde. La terre elle, tourne toujours à la même vitesse…
Aller vite pour rester en vie
Aujourd’hui tout change tellement vite, les technologies, le progrès, les moyens de communication et de transport, l’innovation… Ralentir nous ferait rater le coche ! On passerait à côté de plein de choses, on resterait à la traine, sur le quai: le train passe, il faut monter dedans.
Quand on crée quelque chose, il faut faire vite, car la concurrence est rude, et il faut percer vite si on ne veut pas se retrouver loin derrière.
Pour exemple, en France, en 2012, il y a eu environ 550 000 entreprises de créées, en 2013 c’était 538 000 de plus, et en 2014 c’est plus de 550 000 qui se sont rajoutées. Ca va vite.
Allez dire à tous ces entrepreneurs de prendre leur temps, je ne pense pas qu’ils en aient simplement le temps. Et d’ailleurs, dans le monde où on vit aujourd’hui, on cultive cette rapidité.
L’individualisme pour rester performant
Un proverbe africain dit que « seul on va plus vite » . Je pense que ça on l’a bien compris. On veut du vite, du rapide, on doit pouvoir avoir ce qu’on veut, comme on le veut, quand on veut, satisfaire ses envies immédiatement, sans attendre. Et le meilleur moyen d’y arriver c’est seul… comme ça on est sûr de ne pas être ralenti par les autres : négocier, prendre en compte les personnes, gérer les conflits, les tensions… tout ça, ça ralenti, ça stress, ça n’est pas confortable. C’est quand même bien mieux quand on peut aller à son rythme, satisfaire ses moindres désirs sans en rendre compte à personne. La liberté… seul ! Ca n’est peut-être pas pour rien que nos sociétés développent de plus en plus ce fameux individualisme dont on parle beaucoup aujourd’hui.
Seul on va donc plus vite, on est plus rapide, plus flexible, plus adaptable, on peut changer, bouger, déménager… plus vite. On est donc plus performant : on peut répondre plus rapidement aux exigences sans cesse changeantes du marché.
Prendre son temps, n’en déplaise aux adeptes de la lenteur, c’est se retrouver à l’écart, « has been » avant d’avoir été, dépassé, perdu, à la traine… Honnêtement, si on avait tous continué à prendre notre temps, à vivre au rythme des saisons tranquillement, à attendre que les choses arrivent, on n’en serait jamais arrivé au niveau de modernité et de confort matériel qu’on a aujourd’hui. On en serait encore à tirer la charrue et les bœufs.
Prendre son temps irait à l’encontre du progrès ?
L’inutilité de se poser
Aujourd’hui les gens vont vite et si on veut rester en vie, il faut aussi agir vite, décider vite. On y va, on ne va pas perdre du temps à tergiverser pour trop réfléchir et savoir quoi faire. On agit et on verra bien. S’il faut, on change de direction et puis voilà. Mais au moins on fait, on bouge, on avance, on ne va pas gaspiller son temps à s’arrêter. Et en final… on s’épuise.
On s’épuise à foncer tête baissée.
A ne pas prendre le temps pour se poser et réfléchir un minimum avant, même si on reste en mouvement et qu’on peut avoir l’impression de garder le contrôle sur sa vie parce qu’on agit, en final si on fonce dans le mur, on ne s’en rendra compte qu’une fois dedans. Mais c’est pas grave, on change de direction et on continue. Sauf qu’à force, ça fatigue, et à terme les résultats ne sont même plus forcément au rendez-vous.
Un bon moyen de se faire manipuler
Et pourtant on le sait, et depuis longtemps. Depuis des années les têtes pensantes à travers le monde nous le disent comme La Fontaine avec son lièvre et sa tortue, le proverbe italien (francisé il n’y a pas si longtemps) « chi va piano va sano e lontano » (qui va lentement va sûrement et loin), ce proverbe arabe « La lenteur arrive souvent au but, la précipitation s’empêtre en chemin », etc…
Mais alors comment se fait-il qu’il semblerait qu’aujourd’hui on ait tant tendance à l’oublier ?
Maintenant, il est vrai que prendre du temps pour se poser un peu est aussi un moyen de prendre du recul sur ce qu’on fait, sur notre vie, nos décisions, nos relations… C’est peut-être un risque de remettre en questions trop de choses qu’on ne veut pas forcément voir dans notre vie, qui nous dérangeraient trop ou nous mettraient peut-être trop dans l’inconfort de changer. C’est se donner du temps pour réfléchir et ne pas foncer tête baissée sur tout ce qui bouge. Donc quelque part c’est aussi se donner la possibilité de reprendre un peu plus en main sa vie et de ne plus être (ou moins) dans la dépendance ou dans la réaction épidermique et émotionnelle – donc non réfléchie – de tous les stimuli dont on est abreuvé chaque jour à la télé, à la radio, sur internet, dans les magasins, dans la rue : la crise, les guerres, l’immigration, l’insécurité, le chômage…
Mais attention, si on commence à se poser, réfléchir, remettre en perspective et prendre du recul sur ce qui nous arrive, on devient moins facilement influençable ou manipulable, on commence à questionner ce qui nous arrive sans tout avaler « naïvement », à prendre des décisions plus posées, plus matures, donc à moins être dans la réaction « cutanée » basée sur des peurs, des désirs ou des envies (qui nous ont peut-être été créés et qui ne nous correspondent pas forcément entièrement). Donc attention, est-ce que c’est bien ça qu’on veut : être moins facilement influençable ou manipulable ?
Adapter son rythme aux besoins
Ralentir, c’est aussi prendre le temps de regarder autour de nous, de mieux apprécier de ce qu’on a, notre environnement, les personnes qui nous entourent.
D’ailleurs, le proverbe africain en entier, dont je parlais un peu plus haut dit « seul on va plus vite… et ensemble on va plus loin » . Et qui dit ensemble, dit forcément prendre aussi en compte l’autre, ses attentes, ses besoins, son rythme… donc en final : ralentir.
Maintenant, ralentir pour ralentir ou trop ralentir, c’est un peu comme aller vite pour aller vite ou aller trop vite : stérile. La sagesse voudrait alors que l’on trouve un juste milieu, un équilibre entre les deux.
Mais parler d’équilibre ou de juste milieu, c’est quelque part partir du principe que aller vite ou aller lentement sont comme deux forces contradictoires qui s’opposent et qu’on doit, comme on peut, concilier et harmoniser.
Une autre façon de le voir pourrait être de ne chercher ni à perdre son temps, niprendre son temps, ni aller vite ou doucement, mais tout simplement de VIVRE son temps au rythme nécessaire pour être ce que l’on veut être et aller où on veut.
Et pourquoi pas, commencer par faire comme le dit si bien Yannick Noah dans une de ses chansons :
« Venez on s’arrête et on ferme les yeux On contemple la mer, on contemple les cieux Venez on s’arrête, on marche dans l’autre sens On revient sur nos pas, on s’arrête et on danse » .
Juil 22 2015
Lequel l’emportera ?
Cet article est écrit dans le cadre du festival de la croisée des blogs proposé tous les mois par le site Devperso.org
Ce mois-ci c’est Alexandre du blog Ceclair qui nous propose ce superbe thème : ralentir pour réussir
Ralentir pour réussir…
Un beau thème, surtout pour l’été et les vacances. Prendre le temps, faire une pause, se ressourcer, un sujet bien à la mode en ce moment.
Il est vrai qu’aujourd’hui on entend beaucoup parler de « zen attitude » . Un peu partout fleurissent des cours de yoga, de relaxation, de bien être, de détente, sophrologie, méditation… toutes ces approches où l’on apprend à prendre son temps.
A perdre son temps ?
D’aucuns vont dire que c’est pour compenser l’agitation constante dans laquelle on vit en permanence, dans laquelle le monde nous entraine, ou plutôt dans laquelle on s’auto-entraine : c’est nous et nous seul qui nous sommes entrainé à ce rythme, pas le monde. La terre elle, tourne toujours à la même vitesse…
Aller vite pour rester en vie
Aujourd’hui tout change tellement vite, les technologies, le progrès, les moyens de communication et de transport, l’innovation… Ralentir nous ferait rater le coche ! On passerait à côté de plein de choses, on resterait à la traine, sur le quai: le train passe, il faut monter dedans.
Quand on crée quelque chose, il faut faire vite, car la concurrence est rude, et il faut percer vite si on ne veut pas se retrouver loin derrière.
Pour exemple, en France, en 2012, il y a eu environ 550 000 entreprises de créées, en 2013 c’était 538 000 de plus, et en 2014 c’est plus de 550 000 qui se sont rajoutées. Ca va vite.
Allez dire à tous ces entrepreneurs de prendre leur temps, je ne pense pas qu’ils en aient simplement le temps. Et d’ailleurs, dans le monde où on vit aujourd’hui, on cultive cette rapidité.
L’individualisme pour rester performant
Un proverbe africain dit que « seul on va plus vite » . Je pense que ça on l’a bien compris. On veut du vite, du rapide, on doit pouvoir avoir ce qu’on veut, comme on le veut, quand on veut, satisfaire ses envies immédiatement, sans attendre. Et le meilleur moyen d’y arriver c’est seul… comme ça on est sûr de ne pas être ralenti par les autres : négocier, prendre en compte les personnes, gérer les conflits, les tensions… tout ça, ça ralenti, ça stress, ça n’est pas confortable. C’est quand même bien mieux quand on peut aller à son rythme, satisfaire ses moindres désirs sans en rendre compte à personne. La liberté… seul ! Ca n’est peut-être pas pour rien que nos sociétés développent de plus en plus ce fameux individualisme dont on parle beaucoup aujourd’hui.
Seul on va donc plus vite, on est plus rapide, plus flexible, plus adaptable, on peut changer, bouger, déménager… plus vite. On est donc plus performant : on peut répondre plus rapidement aux exigences sans cesse changeantes du marché.
Prendre son temps, n’en déplaise aux adeptes de la lenteur, c’est se retrouver à l’écart, « has been » avant d’avoir été, dépassé, perdu, à la traine… Honnêtement, si on avait tous continué à prendre notre temps, à vivre au rythme des saisons tranquillement, à attendre que les choses arrivent, on n’en serait jamais arrivé au niveau de modernité et de confort matériel qu’on a aujourd’hui. On en serait encore à tirer la charrue et les bœufs.
Prendre son temps irait à l’encontre du progrès ?
L’inutilité de se poser
Aujourd’hui les gens vont vite et si on veut rester en vie, il faut aussi agir vite, décider vite. On y va, on ne va pas perdre du temps à tergiverser pour trop réfléchir et savoir quoi faire. On agit et on verra bien. S’il faut, on change de direction et puis voilà. Mais au moins on fait, on bouge, on avance, on ne va pas gaspiller son temps à s’arrêter. Et en final… on s’épuise.
On s’épuise à foncer tête baissée.
A ne pas prendre le temps pour se poser et réfléchir un minimum avant, même si on reste en mouvement et qu’on peut avoir l’impression de garder le contrôle sur sa vie parce qu’on agit, en final si on fonce dans le mur, on ne s’en rendra compte qu’une fois dedans. Mais c’est pas grave, on change de direction et on continue. Sauf qu’à force, ça fatigue, et à terme les résultats ne sont même plus forcément au rendez-vous.
Un bon moyen de se faire manipuler
Et pourtant on le sait, et depuis longtemps. Depuis des années les têtes pensantes à travers le monde nous le disent comme La Fontaine avec son lièvre et sa tortue, le proverbe italien (francisé il n’y a pas si longtemps) « chi va piano va sano e lontano » (qui va lentement va sûrement et loin), ce proverbe arabe « La lenteur arrive souvent au but, la précipitation s’empêtre en chemin », etc…
Mais alors comment se fait-il qu’il semblerait qu’aujourd’hui on ait tant tendance à l’oublier ?
Maintenant, il est vrai que prendre du temps pour se poser un peu est aussi un moyen de prendre du recul sur ce qu’on fait, sur notre vie, nos décisions, nos relations… C’est peut-être un risque de remettre en questions trop de choses qu’on ne veut pas forcément voir dans notre vie, qui nous dérangeraient trop ou nous mettraient peut-être trop dans l’inconfort de changer. C’est se donner du temps pour réfléchir et ne pas foncer tête baissée sur tout ce qui bouge. Donc quelque part c’est aussi se donner la possibilité de reprendre un peu plus en main sa vie et de ne plus être (ou moins) dans la dépendance ou dans la réaction épidermique et émotionnelle – donc non réfléchie – de tous les stimuli dont on est abreuvé chaque jour à la télé, à la radio, sur internet, dans les magasins, dans la rue : la crise, les guerres, l’immigration, l’insécurité, le chômage…
Mais attention, si on commence à se poser, réfléchir, remettre en perspective et prendre du recul sur ce qui nous arrive, on devient moins facilement influençable ou manipulable, on commence à questionner ce qui nous arrive sans tout avaler « naïvement », à prendre des décisions plus posées, plus matures, donc à moins être dans la réaction « cutanée » basée sur des peurs, des désirs ou des envies (qui nous ont peut-être été créés et qui ne nous correspondent pas forcément entièrement). Donc attention, est-ce que c’est bien ça qu’on veut : être moins facilement influençable ou manipulable ?
Adapter son rythme aux besoins
Ralentir, c’est aussi prendre le temps de regarder autour de nous, de mieux apprécier de ce qu’on a, notre environnement, les personnes qui nous entourent.
D’ailleurs, le proverbe africain en entier, dont je parlais un peu plus haut dit « seul on va plus vite… et ensemble on va plus loin » . Et qui dit ensemble, dit forcément prendre aussi en compte l’autre, ses attentes, ses besoins, son rythme… donc en final : ralentir.
Maintenant, ralentir pour ralentir ou trop ralentir, c’est un peu comme aller vite pour aller vite ou aller trop vite : stérile. La sagesse voudrait alors que l’on trouve un juste milieu, un équilibre entre les deux.
Mais parler d’équilibre ou de juste milieu, c’est quelque part partir du principe que aller vite ou aller lentement sont comme deux forces contradictoires qui s’opposent et qu’on doit, comme on peut, concilier et harmoniser.
Une autre façon de le voir pourrait être de ne chercher ni à perdre son temps, ni prendre son temps, ni aller vite ou doucement, mais tout simplement de VIVRE son temps au rythme nécessaire pour être ce que l’on veut être et aller où on veut.
Et pourquoi pas, commencer par faire comme le dit si bien Yannick Noah dans une de ses chansons :
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By Philippe • management, prendre conscience, relationnel • 0 • Tags: besoins, ceclair, communication, confort, croisée des blogs, entreprises, fatigue, manipuler, performance, proverbe, résultats, Yannick Noah, zen