Nov 18 2012
Le tort tue-t-il ?
- Ah mais je le savais bien que j’avais raison!
- Non c’est toi qui te trompes, tu as tort!
- Oui, je sais, désolé, c’est moi qui ai tord et toi qui as raison.
Et on peut en rajouter beaucoup comme ça.
Ce genre de remarques vous parait familier?
Avoir raison ou avoir tort…
Combien de disputes ont éclatées pour le savoir ?!
Avoir tort ou avoir raison. Mais au fait, en quoi est-ce si important ?
Souvent, on s’imagine que la raison est liée à la majorité.
Mais est-ce à raison ou à tort ?
Et qu’est-ce qu’il se passe si on se trompe ?
Car si c’est la minorité qui a raison, mais sans qu’elle ne puisse le prouver, qu’est-ce qu’elle devient ?
Elle aura tort pour la majorité… et dans ce cas, comment peut-elle faire accepter sa « raison » ?
J’ai envie de vous parler d’une petite histoire que l’on m’a raconté il y a bien longtemps et qui je trouve, illustre très bien l’ambiguïté de ce dilemme.
L’eau de la rivière
Il était quelques fois dans une forêt, un village qui vivait paisiblement au rythme des saisons. Les villageois s’auto-suffisaient en nourriture, et une source d’eau potable coulait non loin. Elle servait autant pour les habitants, les animaux que l’irrigation des cultures.
Un jour pourtant, cette source s’empoisonna, et tous les habitants du village devinrent fous. Les plantes étant aussi arrosées par cette eau, toutes les cultures furent aussi contaminées et entretinrent ainsi la folie des gens, et des animaux.
Comme tous les habitants buvaient de cette eau quotidiennement, tout le monde devint fou en même temps, mais sans s’en rendre compte. Pour eux, rien n’avait changé.
Une personne du village, cependant, avait fait des réserves d’eaux suffisantes pour quelques jours, et ne but donc pas de cette eau empoisonnée. C’était la seule personne qui se rendit compte du changement et qui put voir que tous ses amis, familles, voisins… étaient devenus fous.
Cette personne essaya de trouver un remède, une solution pour aider son village à quitter cet état de folie, à retrouver un état « normal« , mais plus elle essayait, plus les villageois la considéraient comme un « original », « pas comme les autres », « bizarre »…
Et finalement, c’est lui qui petit à petit se fit mettre de côté, car, comme il était le seul pas comme les autres. C’est lui qui était considéré comme « le fou ».
Et en plus, à vouloir les « guérir »…
Mais de quoi ?
C’était lui qui avait besoin de se faire soigner : c’était lui l’original, l’allumé…
Et pourtant, il savait, lui, qu’il avait raison, il savait qu’il n’était pas fou, que c’était eux qui se trompaient.
Mais il avait beau « savoir » qu’il avait raison, il se faisait quand même mettre à l’écart, et même sa famille commençait à le rejeter.
Car tous les villageois savaient aussi que c’était lui qui se trompait et que eux avaient raison…
Finalement, en désespoir de cause, et pour survivre, car il se faisait rejeter du village et n’avait plus rien à manger ni à boire, il abandonna cette envie de les « guérir », et bu l’eau de la source empoisonnée.
Il sombra alors, lui aussi dans la folie, et redevint « normal« …
Alors, qui était « fou », finalement ?
Lui ou le reste des villageois ?
Qui avait raison, qui avait tort ?
Il savait qu’il avait « raison »; mais à quoi ça lui servait, à part à se faire rejeter et mourir de faim et de soif ?
Et une fois qu’il a bu l’eau, était-il vraiment devenu « fou », ou était-il simplement redevenu « normal » ?
Avait-il raison de vouloir les « guérir » ?
Lui, il « savait » qu’il avait raison. Tous les autres « savaient » qu’il se trompait…
Ici, s’il avait voulu continuer à leur montrer que c’était eux qui se trompaient, sa « raison » aurait pu lui coûter la vie.
Ses relations devenaient impossible à vivre, il se faisait rejeter, et n’avait plus rien pour se nourrir. Pour survivre, il a dû lâcher sa raison, et accepter celle des autres.
Il a dû renoncer au fait qu’il « savait » que c’était eux qui se trompaient pour finalement rentrer dans leurs « normes », et se rendre compte, une fois qu’il avait bu l’eau, qu’en fait, ils étaient normaux aussi, car ils étaient comme lui…
Si on ramène ça à notre vie de tous les jours, sans que forcément notre vie en dépende, qu’est-ce qui pourrait faire qu’autant de tensions ou disputes éclatent pour savoir qui a raison ou qui a tort ?
- Qu’est-ce qui est si important pour nous dans la fait d’avoir absolument raison ?
- Qu’est-ce qui peut être si difficile pour nous dans le fait d’avoir tort, ou en tous cas de l’admettre ?
Je vous propose d’aborder des éléments de réflexion là-dessus dans une prochaine partie.
🙂
zenie
22 novembre 2012 @ 08:08
Bonjour Philippe, j’ai souvent mal vécu le fait de ne pas penser « comme tout le monde » car du coup je me sentais un peu isolée quand j’étais avec d’autres. Alors parfois je me disais : » bon on va penser comme eux, au moins ça sera plus simple « mais souvent ça me contrariait encore plus !
Aujourd’hui, j’ai besoin d’être libre de penser et du moment que je suis en paix avec moi même, tout est ok. Ensuite, chacun pense ce qu’il veut et moi aussi !
zenie
Philippe
22 novembre 2012 @ 12:04
Bien vu Zénie,
Chacun pense ce qu’il veut. Le tout est de savoir respecter la liberté de penser de chacun.
Maintenant, je reconnais, et ton témoignage le dit, ça n’est pas toujours facile d’être à contre courant.
🙂