Le grand tabou de l’occident…

Pendant environ 2000 ans de culture judéo-chrétienne, à votre avis, quelle est la seule partie de l’humain qui a vraiment été valorisée?

Et oui, c’est l’intellect!

Lié au rationnel, au concret, au réaliste, à l’inventivité, aux sciences « dures », il a tendance d’une façon générale à être associé au masculin. En opposition on a donc naturellement l’émotionnel, lié à l’irrationel, l’incompréhensible, le « loufoque », l’inexplicable, d’une façon générale associé au féminin.

Dans une société patriarcale, il est sommes toute assez logique d’avoir vu prédominer l’intellect sur l’émotionnel. 🙂

 

Raison contre émotion

Et pendant des années, voire des siècles, ces deux parties, qui en fait sont complémentaires, se sont opposées et livrées bataille.

  • Au 17ème siècle Blaise Pascal (philosophe, théologien, moraliste, mathématicien, et physicien) nous disait bien que « le coeur a ses raisons que la raison ne connait point« . Cela montre bien le clivage qu’il existait à cette époque entre ces deux parties: l’un ignorant complètement ce qui se passe chez l’autre.
  • Dans les mêmes temps, René Descartes (philosophe, mathématicien, et physicien) nous disait aussi que c’est le fait de penser qui prouve que l’on existe: « Je pense donc je suis« .

 


L’intellect est donc ce qui prime avant tout. C’est d’ailleurs à cette époque aussi, durant la rennaissance, que la notion d’amour platonique (conception philosophique des relations amoureuses) voit le jour.

L’amour platonique exprime le fait que ce sont des qualités qui sont aimées dans une personne, et non la personne elle-même. Il s’agit d’un amour par l’esprit, un amour dans les idées. Généralement, il est associé à une sorte de rêve, de fantasme.

On voit donc que même là, quelque chose qui, on pourrait le croire est purement émotionnel, avait quand même réussi à être intellectualisé. L’amour vrai et pur était un amour intellectuel, décharné…

Il y avait donc toujours une opposition entre l’émotion et l’intellect, le dernier ayant toujours le dessus sur le premier.

Avec le temps on s’est quand même rendu compte que l’émotionel avait aussi son rôle, mais ce n’est qu’assez récemment qu’on a commencé a lui accorder de l’importance. Fin du siècle dernier des travaux en neurologie ont montré que le cerveau sans émotions ne pouvait être rationnel: le coeur aurait-il ses raisons que la raison, finalement est loin d’ignorer?

On a enfin commencé à les réconcilier…

 

Le grand tabou

Mais dans tout ça, ne voyez-vous pas encore un grand absent? Un grand oublié?

 

Quand on parle à quelqu’un en face à face, qu’est-ce que l’on va voir en premier? Quelle est notre plus grande surface d’interaction avec notre environnement? Avec quoi exprime-t-on ses pensées? Qu’est-ce qui fait que l’on peut se déplacer? Les émotions, où sont-elles vécues?

Quel est le véhicule qui nous fait interagir avec le reste du monde? Quel est ce truc dont on ne parle pas facilement mais dont on se plaint souvent? Cette chose qu’on doit remplir pour vivre; cette chose qui peut nous procurer beaucoup de plaisir, et aussi beaucoup de souffrance?

Ce machin qui de part son apparence, nous rend unique, nous procure une certaine individualité.

Ce truc que, dans nos sociétés occidentales, on cultive de plus en plus, voire même qu’on idéalise et qu’on montre de plus en plus (fitness, régimes, pornographie, bronzage, chirurgie esthétique, etc…) essayant d’atteindre une apparence irréprochable selon certains critères, mais dont on ne parle qu’avec une pudeur certaine, et dont finalement on ne prend pas tant soin que ça?

Vous l’avez deviné, le grand tabou de l’occident c’est le CORPS.

D’aucuns vont dire: c’est n’est pas vrai, on en prend soin, on en parle, il n’y a qu’à voir tout les progrès en médecine, ou tout ce que l’on peut voir dessus.

A ça je pourrais répondre:

    • Est-ce que d’attendre qu’il casse pour le réparer, s’en occuper ou y faire attention, c’est vraiment en prendre soin? 
    • Est-ce que de le sur-exposer, le sur-montrer, c’est vraiment en parler?

 


La médecine occidentale fait tous les jours des miracles, sauve des vies, en améliore d’autres, nous donne un confort quotidien indéniable. Et heureusement qu’elle est là.

Mais maintenant qu’on le veuille ou non, ça reste quand même en général, une médecine de « réparation », une médecine allopathique, « d’urgence ».

Qui va voir son médecin quand tout va bien pour lui demander comment faire pour aller mieux, ou comment faire pour continuer d’aller bien? 🙂 D’ailleurs je pense que eux, seraient aussi assez démunis car ils ne sont simplement pas formés à ça.

On conçoit assez facilement de prendre soin d’une voiture ou d’une machine, en prévention avant qu’elle casse. D’ailleurs en entreprise il existe des plans de maintenance préventive, et des budgets sont alloués spécialement à ça.

Je ne suis pas sûr que l’on puisse en dire autant pour notre corps.

Maintenant, je reconnais que cette tendance évolue doucement et que de plus en plus de personnes y font attention de façon préventive, et les preuves sont nombreuses:

    • Montée en puissance du bio, du naturel et des compléments alimentaires
    • Emergence de toutes les « médecines alternatives » (médecine chinoise, ayurvédique, techniques énergétiques, etc…) ou les « médecines de fond » (homéopathie, etc…)

Malgré tout, ce qui est quand même assez symptomatique c’est que beaucoup de personnes ne vont commencer à utiliser ces approches que quand elles sentent que ça va moins bien ou seulement après l’émergence des premiers problèmes. On reste donc encore dans le curatif… 😉

On voit donc que, malgré une évolution qui commence à se faire sentir, d’une façon générale, prendre soin de son corps avant qu’il n’aille mal, reste encore assez marginal, et pas vraiment ancré dans la culture quotidienne.

 

Observer, c’est déjà prendre soin de soi

Vous pouvez vous amuser à observer dans votre entourage (sans jugement ni critique), combien de discussions tournent autour du corps, et de quelle façon on en parle. Les sujets récurrents, comment on le considère, avec quelle aisance on l’aborde (coincé, gêné, naturel, extraversti, exagéré, etc…). Juste observer. 🙂

Parler sur des idées, tout le monde sait super bien faire. Parler des émotions, certaines personnes ne sont pas toujours à l’aise avec, mais on y arrive quand même.

Parler du corps…

Mais qu’est-ce qu’on peut bien en dire aussi? Il faut dire que le corps ça se vit plus que ça ne se dit, non ?

Et vous, comment aimeriez-vous en parler, en entendre parler?

D’ailleurs, vous pouvez aussi vous amuser à répondre à ces petites questions concernant votre corps, juste pour voir, en laissant de côté la justification (oui mais c’est parce-que…), l’auto-critique ou l’auto-jugement ;):

    • De quelle façon êtes vous satisfait(e) du soin que vous lui apportez?
    • Quel impact cela a-t-il sur votre vie?
    • Qu’est-ce que vous aimeriez changer et comment?
    • Quels moyens vous donnez-vous, qu’est-ce qui vous manque pour y arriver?

Sans tomber dans le narcissisme 😉 vous pouvez prendre quelques minutes par jour pour vous observer et voir:

    • ce qui fonctionne bien dans votre corps aujourd’hui, ce dont vous êtes content chez vous
    • ce qui vous gêne, vous bloque:
        • qu’est-ce que vous faîtes pour l’améliorer?
        • qu’est-ce que vous pourriez faire en plus?
        • par quoi vous pourriez simplement commencer?
        • quels bénéfices cette gêne peut vous apporter (si si il peut y en avoir 🙂 )

 

Pour finir, l’astuce du jour

Un petit truc tout simple et qui peut même paraître bête (mais qui fonctionne bien) est de simplement:

  • Prendre un peu de temps pour sourire -dans votre tête- à la partie douloureuse.
  • Pendant quelque secondes seulement, une ou plusieurs fois par jour, vous pouvez apporter volontairement de la décontraction à cet endroit en relâchant simplement la partie qui vous gêne
      •  Si vous n’y arrivez pas, mettez-y juste l’intention, sans forcer, ça viendra avec le temps.
🙂