Jan 21 2013
Le pouvoir du regard
Cet article est ma participation au festival de la croisée des blogs, organisé par le site devperso.org. Tous les mois, un blogueur différent propose un thème et héberge le festival sur son blog. Ce mois-ci c’est moi qui ai le plaisir d’héberger cette première édition de l’année 2013 et le thème proposé est:
Question de point de vue : changer de regard pour avancer
Pour voir l’article de lancement, cliquer ici.
Agir sur la matière par la pensée ?
N’importe quoi, juste dans les histoires de science-fiction avec des super héros qui ont des super pouvoirs!
Et pourtant… depuis plusieurs années maintenant, la science nous dit que ce n’est pas si insensé que ça.
Quelques centaines d’années en arrière seulement, on pensait encore que la terre était plate et que le soleil tournait autour. Certains ont même failli se faire brûler pour oser voir autrement.
Il y a un siècle encore, le temps était une constante linéaire, et la matière, même sécable en petites particules était quelque chose de solide et indestructible. D’ailleurs, pour encore un bon nombre d’entre nous, ça l’est probablement toujours.
Pourtant, début des années 1900, un certain Albert E. nous a montré que ce n’était pas le cas, mais qu’on ne pouvait l’observer qu’à une très petite échelle.
A cette échelle d’ailleurs, la matière (M) et l’énergie (E) ne sont qu’une seule et même chose, à un coefficient près (la vitesse de la lumière au carré (C2)). Le fameux E=MC2. Il a aussi montré que le temps est non linéaire, mais observable qu’aux échelles astronomiques, cette fois.
Plus récemment encore, la physique quantique (dont on commence à parler de plus en plus) nous dit des trucs assez bizarres avec son principe d’incertitude, avec son chat de Schrödinger, avec ses fentes de Young au niveau subatomique (mieux comprendre ces expérimentations et leur sens dans le livre « Réveillez votre potentiel« ).
Sans rentrer dans le détail de ces expériences, il en ressort que, à cette échelle, l’observateur n’est plus neutre : il influe sur l’observé.
Qu’est-ce que ça veut dire ?
En quelques mots, ça veut dire que, rien que le fait d’observer quelque chose, de porter son attention dessus, va influer sur le résultat de l’observation.
Par exemple, si j’observe une particule d’une certaine manière, alors elle va avoir un certain comportement; si je l’observe différemment, rien que le fait de l’observer autrement, alors elle va se comporter d’une autre façon, et ça, sans avoir aucune « action directe » sur elle (ex: fentes de Young).
Etonnant non ?
Et alors?
Et alors, ça veut dire que, à un certain niveau, notre façon de voir les choses influe sur ce qu’on voit: notre regard influe sur la matière.
Dingue non ?
Ca veut dire aussi que tant qu’on n’observe pas, alors toutes les possibilités sont réellement ouvertes, mais à partir du moment où on observe, alors on oriente le résultat, d’une façon ou d’une autre pour n’avoir plus qu’une possibilité (ex: le chat de Schrödinger).
Cela veut encore dire que, parce qu’on veut voir quelque chose, alors on en occulte ou brouille d’autres. On ne peut pas tout voir avec la même précision (ex: principe d’incertitude).
Et ces autres choses, si on ne les voit pas, et qu’on ne les a jamais vu, parce qu’on ne les a jamais regardé, ou qu’on a toujours regardé d’une certaine façon, alors elles n’existent pas pour nous.
Normal.
Ce raisonnement fonctionne au niveau de la matière à une échelle subatomique; il est aussi valable pour notre façon de percevoir ce qui nous entoure dans la vie de tous les jours.
Si des choses n’existent pas pour nous, on ne s’y réfèrera jamais. Elles ne feront donc pas partie de notre référentiel, de notre vision du monde.
L’univers qui nous entoure est tellement dense en informations qu’on ne peut pas tout percevoir. On va donc en sélectionner une partie, et par conséquent, on va se limiter notre champ de vision. On se crée alors notre propre réalité. Voir cet article pour mieux comprendre.
Quelles conséquences à tout ça ?
C’est parce qu’on voit les choses d’une certaine façon, qu’elles nous arrivent de cette façon, et non le contraire…
Et là, ça change tout. Là, tout d’un coup, on reprend du contrôle sur notre vie.
Par exemple, si pour moi le monde est une bataille dans laquelle il faut être le plus fort, alors ce qui m’arrive, je vais le vivre sous cet angle, et cela va donc bien me conforter dans le fait qu’il faut être fort pour survivre.
Pareil si pour moi
- le monde est un endroit où je dois faire attention à ne pas me dévoiler trop brusquement,
- ou si au contraire je n’existe que si je suis vu et vis mes émotions intensément,
- ou si encore, je me dis que je ne serai aimé seulement si je suis parfait,
- etc…
Comme je vois le monde de cette façon, alors je vais vivre ce qui m’arrive sous cet angle, et valider ainsi le fait que c’est bien la réalité, et non une simple croyance.
Bien sûr, ces façons de voir ne sont pas toujours conscientes (voir la série d’articles : mieux se connaître pour être plus efficace), mais malgré tout, quand quelque chose m’arrive, c’est moi et moi seul, qui suis à 100% responsable, de mon côté, de ma façon de le vivre, de le comprendre, de l’interpréter, etc…
Certains détracteurs vont pouvoir s’en donner à cœur joie en disant que je cherche ici à culpabiliser les gens, en les accusant d’être coupable de ce qui leur arrive.
Mon intention est tout le contraire. Pour moi c’est plus une porte de sortie grande ouverte.
Ca veut dire que chacun(e) d’entre nous a toutes les cartes en main pour atteindre ce qu’il/elle veut; ça veut dire que, dans le fond, nous ne dépendons pas des autres et de leur bon vouloir, pour changer, évoluer, nous transformer, etc… Et ça pour moi, c’est rassurant, responsabilisant, et grandissant.
Oh! bien sûr, on aura encore très probablement besoin des autres par moment : on ne peut pas tout faire tout seul. Et tant mieux. On est aussi des êtres sociables.
Ce que je veux dire par là, c’est que les ressources intérieures pour y arriver, on les a déjà toutes en nous. L’autre devient alors plus une aide pour les réveiller et les faire grandir, plutôt qu’une béquille sans laquelle on se casse la figure.
Néant ou feuille vierge ?
J’ai envie de vous illustrer ce que je viens de dire par un exemple vécu l’an dernier.
En octobre 2011 j’ai quitté mon ancienne entreprise et je me suis retrouvé au chômage.
Même si on s’était mis d’accord avec l’entreprise et que la situation n’était plus viable des deux côtés, sur le coup, quand ça arrive, c’est toujours un choc. Il y a le grand vide en face, la grande incertitude : Qu’est-ce que je vais devenir ? Est-ce que je vais retrouver un travail suffisamment rapidement (les conditions économiques n’étant pas au top en ce moment) ? A quelles conditions ? Combien de temps ça va durer ? Est-ce que je vais trouver quelque chose qui me plait ? Etc…
Pour moi beaucoup de questions, très peu de réponses, et un grand flou devant, un peu angoissant quand même.
Lors d’une de mes formations passées (accompagnement, coaching, etc…), j’avais appris un exercice qui permet de visualiser, avec des images -par exemple d’animaux- les différentes facettes du fonctionnement de sa personnalité et surtout d’apprendre à s’en servir, c’est-à-dire écouter les points de vues qu’elles peuvent nous donner.
Je les ai donc « consultés », et un de ces animaux était paniqué, à l’idée que j’aie perdu mon boulot. C’est lui (i.e. cette partie de moi) qui stressait, qui avait peur, et qui se posait toutes ces questions.
Maintenant, en faisant le tour de mes différents « animaux », il y en a eu un par contre, qui, quand je l’ai regardé, m’a fait sourire, et mon niveau de stress à beaucoup chuté d’un seul coup:
Il « s’était mis » un bandeau blanc autour de la tête, il avait un outil dans chaque main, et, prêt au départ en trépignant d’impatience, il disait : « Alors les gars, quand est-ce qu’on commence? On va pouvoir enfin commencer à faire quelque chose d’intéressant maintenant ! »
Et là j’ai pris conscience que ce que je voyais comme un flou inquiétant, pouvait aussi se voir comme un grand terrain de jeu où tous les possibles étaient ouverts.
Et ça, personne ne me l’a dit. Ce point de vue je l’avais déjà en moi, c’est juste que sous le coup du stress, je ne l’entendais pas.
Oh! bien sûr tout le stress n’a pas disparu, et des offres d’emploi ne sont pas arrivées comme par magie à ce moment-là, mais d’entendre cette autre partie de moi qui me disait que maintenant j’étais libre de commencer à faire ce que je voulais, que cette séparation pouvait aussi être prise comme une délivrance, et que j’avais maintenant le champ ouvert pour créer ce qui me plaisait, le niveau de stress a chuté d’environ 8/10 à 4/10.
C’est pas mal je trouve. Et ça, simplement en apportant un autre regard sur la situation.
Et vous, que connaissez-vous des différentes facettes de votre fonctionnement ? Qu’est-ce qu’elles vous ont déjà apporté ? Comment vous en êtes-vous déjà servi ?
Je serai très heureux de lire vos expériences à ce niveau dans les commentaires ci-dessous.
Jean
21 janvier 2013 @ 16:51
Bonjour Philippe,
Dans le « pouvoir du regard », il y a aussi celui de s’observer soi-même. C’est-à-dire de revivre une situation qui a pu être traumatisante ou simplement désagréable, en prenant du recul par rapport à soi-même et de se voir comme un observateur extérieur. Ca peut énormément aider à relativiser et à voir les choses différemment.
Philippe
21 janvier 2013 @ 18:39
Tout à fait Jean, arriver à se dissocier est aussi un grand pas pour relativiser et prendre du recul sur soi.
Merci pour ce complément.
🙂
Mario
22 janvier 2013 @ 06:44
Pour bien observer, il est important aussi de savoir se mettre de côté et d’essayer de se mettre à la place des autres, cela nous ouvre de nombreuses autres perspectives car on a trop tendance à rester immuablement centrés sur soi-même.
Philippe
22 janvier 2013 @ 10:04
Bonjour Mario,
Tout à fait d’accord, que pour bien observer les autres, et surtout les écouter, il est nécessaire de se décentrer de soi-même.
Essayer de se mettre à la place des autres est une option qu’on nous donne souvent et qui a l’avantage de nous donner une possibilité d’avoir un autre point de vue et d’autres perspectives, comme tu dis.
Le seul truc, c’est qu’on risque toutefois de le faire à travers nos filtres personnels, donc on ne sera quand même pas vraiment à leur place. 🙂
Marie-Pierre
22 janvier 2013 @ 11:35
Je ne peux que confirmer ton expérience. J’ai moi aussi dû quitter mon entreprise en juin 2012. Cela a été un coup dur même si mon inconscient avait déjà préparé le terrain pour me faire vivre cette situation pour m’amener à comprendre que je devais faire un choix entre rester salariée dans un job qui m’ennuyait ou faire un virage à 180° pour prendre une autre orientation professionnelle. En changeant mon regard, j’ai pu me libérer de chaînes qui entravaient mon évolution et aujourd’hui j’assume cette situation et je mets toutes les chances de mon coté en focalisant mon mental sur la réussite de mes projets.
Philippe
22 janvier 2013 @ 14:24
Merci Marie-Pierre pour cet apport d’expérience personnelle.
🙂
Romain Be
24 janvier 2013 @ 12:21
J’essaie de toujours voir le positif dans chaque chose et on me le fait souvent remarquer.
Je pense que si on voit toujours le bon coté des choses, on avance de plus en plus et c’est encourageant!
Philippe
24 janvier 2013 @ 12:35
Bonjour Romain,
Merci pour ton commentaire.
En effet, de se focaliser sur ce qui marche et qui nous va bien nous aide beaucoup à avancer, et c’est très encourageant, autant pour nous que notre entourage.
A ça, je rajouterai aussi que, ce qui ne nous va pas (ce qu’on appelle le négatif) a aussi sa raison d’être, et c’est souvent grâce à ça qu’on peut encore aller plus loin. Donc c’est aussi quelque chose qu’il ne faut pas, à mon sens, dénigrer.
Pour moi, c’est un peu comme un tremplin pour nous aider. Par contre le focus, comme tu dis, c’est sur ce qui marche qu’il faut le mettre.
Même si c’est souvent plus facile à dire qu’à faire.
🙂
Carine
25 janvier 2013 @ 19:02
Philippe,
Aujourd’hui, j’ai terminé l’animation d’un stage où j’ai tenté d’expliquer ce que tu dis si bien dans ton article. Changer son regard permet souvent d’avancer, au lieu de se focaliser sur le négatif par exemple. Bien que nous savons que ce n’est pas facile, puisque nous quittons notre zone de confort à ce moment là, ce changement de point de vue est essentiel. Aussi, c’est vrai de souligner que c’est notre point de vue qui fait que l’on vit ou pas certaines choses dans notre vie. Je peux passer du « blues » au « sourire » en changeant consciemment mon point de vue sur une question. Pas sur toutes les questions mais sur beaucoup tout de même.
Philippe
28 janvier 2013 @ 11:40
Merci Carine pour ton commentaire, et je suis sûr que tu as sû trouver les mots pour l’expliquer. 🙂
C’est vrai que de changer de point de vue consciemment aider à résoudre un grand nombre de situations.
Maintenant, pour une part non négligeable non plus, ça se passe au niveau du subconscient, et là de la faire complètement seul c’est plus difficile, car justement, c’est pas conscient.
L’accompagnement avec un professionnel, par exemple, va aider à faire sortir certaines choses que seul on ne pourrait pas forcément faire.
🙂
Valérie
25 janvier 2013 @ 19:10
Bonjour Philippe,
On peut effectivement faire l’exercice avec des animaux mais il est encore plus parlant de le faire avec des personnages, car en nous il peut énormément, le censeur, le juge, le jamais content, le positif etc…., à nous de voir quel personnage est aux commandes quand nos peurs, nos réactions trop fortes arrivent. Valérie
Philippe
28 janvier 2013 @ 10:27
Bonjour Valérie,
Tout à fait d’accord, on peut aussi utiliser les personnages. On peut d’ailleurs aussi utiliser des couleurs, des formes, des lieux, etc… toute image qui nous parle peut être bonne à prendre.
De mon côté, j’utilise moins les personnages parce-que je trouve qu’on a vite fait d’y mettre une étiquette, qui limite justement le champ des possibles. Et du coup ça devient un peu réducteur.
Par exemple, si on prend l’image du « jamais content ». Quelque part, on peut avoir tendance à « enfermer » un peu trop vite cette partie dans une case où il ne « doit » jamais être content, pour coller à son image.
Un « jamais content » ne « peut pas » être content, ou apporter des choses joyeuses, sinon ce n’est plus un « jamais content ».
Or, cette partie de nous qui n’est « jamais contente », peut aussi parfois nous apporter des choses qui pourraient nous rendre « positif », heureux, joyeux. Seulement, comme on la met dans la case « jamais content », alors ça peut être plus difficile d’entendre ces aspects-là, et du coup, je trouve que ça limite un peu les options.
Maintenant, pour moi, on peut tout à fait utiliser des personnages, dans la mesure où on arrive à garder une certaine neutralité par rapport à eux, et où on ne colle pas d’étiquettes qui peuvent tendre à les « enfermer » dans un comportement type, donc à réduire ce que cette partie peut nous dire.
Après, en effet, à nous de voir qui est au commandes à ce moment-là.
🙂