Juin 10 2012
Pourquoi ne pas parler de soi dans les blogs de développement personnel ?
Comme je vous disais à la fin de l’article « Savez-vous vraiment ce qu’est le changement?« , en parcourant le net j’ai vu un blog où la question suivante était posée: Pourquoi les auteurs de développement personnel ne parlent pas plus d’eux-meme ? (cliquer ici pour voir l’article)
Dans cet article il est dit qu’il est dommage qu’un certains nombre de blogs sur le développement personnel traitent de sujets qui peuvent être très généraux en la matière, mais avec trop peu d’expériences concrètes derrière. Comme si les auteurs parlaient de choses qu’il serait bien de faire pour changer de vie, mais qu’ils ne les testaient pas forcément eux-même.
Ou alors, qu’ils ne parlaient pas vraiment de ce qui avait changé chez eux ni en quoi ce qu’ils conseillent leur avait profité.
Alors, quoi faire?
Je suis complètement d’accord qu’il est en général assez délicat de conseiller à des gens de faire quelque chose, que soi-même on n’a pas testé, ou au moins dont on n’a pas vu les résultats de façon suffisamment probante.
Maintenant sur le fait de parler de ses expériences personnelles, j’ai un avis assez mitigé là-dessus, et ce justement de par mon expérience personnelle. 🙂
Quand on parle de développement personnel, on parle en général de ce que l’on change au niveau personnel pour:
- évoluer
- se développer
- mieux vivre
- mieux être
- etc…
D’un autre côté « développement personnel » est un terme super vague et on a tendance à y mettre un peu tout et n’importe quoi dedans.
Comme je le disais dans « Savez-vous vraiment ce qu’est le changement? » on classe le changement en deux types:
Type 1: Modifications au niveau des éléments d’un système. Ce sont des trucs pour changer nos habitudes, pour améliorer le quotidien.
Type 2: Le système est modifié ou se modifie. On se re-crée une réalité
Parler de soi
Dans le cas des changements de type 1, parler de son expérience, de ce que ça a apporté, et en quoi ça nous a aidé, je trouve ça plutôt pertinent:
- J’ai fait des choses
- J’ai mis en place des trucs, des astuces,
- J’ai vu ce que ça pouvait apporter
- Je le conseille à d’autres car j’ai envie de les aider.
En général ce sont des trucs qui peuvent fonctionner pour tout le monde, si on les applique tel quel.
Et il peut y avoir des astuces carrément géniales qui vont vraiment améliorer le quotidien. 🙂
Maintenant, comme tout le monde n’a pas la même sensibilité, tout le monde ne va pas forcément être touché de la même façon. Et comme ça reste au niveau de l’effort conscient, on peut avoir tendance à se décourager avec le temps, voire même d’abandonner, et on revient au point de départ 🙁
De ce que j’ai pu en voir, dans beaucoup de blogs de développement personnel où les gens parlent d’eux-même et de leurs expériences, on se situe à ce niveau-là.
Et c’est normal!
Quand on donne des trucs, des astuces, des conseils, on propose des apprentissages qui se font par l’effort et la volonté. En général ce sont des applications très concrètes, et on peut avoir des résultats visibles, voire quantifiable au bout.
Et c’est déjà génial!
Avec ça on peut déjà faire bouger beaucoup de choses, améliorer des situations, changer des habitudes (avec le temps), et vivre mieux à différents niveaux.
Petit bémol
Le seul inconvénient que je lui trouve, c’est que ça ne va pas fondamentalement me faire changer, moi lecteur, ma vision du monde et des choses.
Si par exemple, dans ma vision du monde, quelque chose me bloque et m’empêche de mettre ces astuces en pratique, par exemple, des croyances comme:
- Ca ne marchera jamais pour moi
- Je ne peux pas me permettre de changer aussi facilement
- Si je vais mieux dans ce domaine, je risque d’avoir telle ou telle conséquence négative dans un autre domaine, etc…
J ‘ai de forte chances de ne pas arriver à les mettre en place.
(Dans le cadeau de bienvenue sur ce blog je vous propose un exercice audio qui vous aidera à modifier l’impact de ces croyances inconscientes sur votre vie, et à reprendre du contrôle dessus. Vous pouvez le télécharger, c’est gratuit 🙂 )
Peut-être que certains auteurs ont eut des changements profonds, que suite à ça, leur vie a basculé et ils/elles en font part. Mais moi en tant que lecteur, de lire ça, si ça me donne envie (et c’est déjà super), ce n’est pas ça qui me faire changer en profondeur. Maintenant, évidemment, tout dépend de ce que je cherche.
Les changements en profondeur sont des changements de type 2.
De par mon expérience d’accompagnant et de coach, la « simple » lecture d’un article, même d’excellente qualité ne va pas me faire changer en profondeur mon référentiel.
Le changement de type 2 est quelque chose qui se vit à travers un accompagnement et une relation, avec quelqu’un qui est capable de questionner mes certitudes avec bienveillance, et de remettre en question mon système pour m’aider à le modifier.
Ne pas parler de soi
C’est là où, pour moi, parler de soi et de ses expériences, ne va pas apporter grand chose aux lecteurs.
Si mon but est de favoriser les changements de type 2 (modifier mon système, me re-créer ma réalité), alors la seule chose que je peux faire, c’est de donner des points de vue différents, c’est questionner ce qui est admis comme évident, c’est remettre en perspective le système de référence dans lequel je me trouve.
Et pour ça, à part donner des concepts généraux, je ne vois pas trop comment faire. Dans ce cas je peux comprendre pourquoi certains auteurs de blogs en développement personnel ne parlent pas d’eux.
Et je dirais même, je suis d’accord, car finalement ça ne va pas faire changer le lecteur.
Si je veux vraiment aider la personne que j’accompagne, la seule chose que je peux faire c’est favoriser le changement, c’est aider l’autre à bouger.
En aucun cas je ne dois ramener à mon expérience personnelle, car l’expérience de l’autre sera de toutes façons différente. Et si au mieux ça ne lui sert à rien, au pire, ça peut l’orienter et l’influencer, en réduisant pour lui, son champs des possibles.
En bref
- Si, en tant qu’auteur de blog sur le développement personnel, je veux faire profiter de changements de types 1, alors je parle de moi, de ce que j’ai vécu et de ce que ça m’a apporté. En plus, ça crédibilise ce que j’avance.
- Si je veux favoriser des changements de type 2 sur mon blog, alors, dans ce cas, ce n’est pas utile de ramener à mes expériences personnelles, et j’irais même jusqu’à ne pas le conseiller.
Maintenant, encore une fois, les changements de type 2, s’ils peuvent être favorisés, ils ne se feront pas à la simple lecture d’un article.
Et vous, que cherchez-vous à transmettre dans votre blog?
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En bonus, un lien vers un article qui nous dit que parler de soi est aussi important que faire l’amour ou manger.
Alors, qu’est-ce qu’on attend? 🙂
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Jean-Yves
11 juin 2012 @ 12:25
J’ai pris l’habitude de beaucoup parler de moi dans les articles de mon blog.
Cela me rend plus proche de mes lecteurs, cela les rend plus fidèles car ils suivent une histoire et non un « cahier des charges » de ce qu’ils devraient faire pour être plus cool.
Ne pas parler de soi, c’est passer pour un moraliste, prétentieux et distancié. Il y a déjà la barrière de l’écran. Il n’est pas utile d’en rajouter !
A la base un blog, c’est un journal intime sur le net 😉
D’autre part (mais là ca ne concerne que ma démarche !) je ne cherche pas trop à convaincre et je parle beaucoup de mes échecs.
Philippe
12 juin 2012 @ 12:02
Bonjour Jean-Yves,
« Ne pas parler de soi, c’est passer pour un moraliste, prétentieux et distancié ».
T’y vas pas un peu fort là? 😉
Je suis tout à fait d’accord que l’écran fait barrière à la communication (même si d’une certaine façon, il peut aussi la favoriser, mais ça c’est une autre histoire, et ça pourra peut-être faire l’objet d’autre article, va savoir ;)), et que, de parler de soi, de ce qui a marché ou pas, nous rend plus proche, et je dirais même plus « humain » vis-à-vis des lecteurs.
Maintenant pour moi, ne pas parler de soi et de ce qu’on vit, n’est pas forcément moraliste, prétentieux et distancié.
Je pense que ce qu’on aborde, et surtout la façon de l’aborder va beaucoup jouer.
Par exemple, si j’ai lu un livre intéressant, et que j’en parle ou en fais une chronique sur mon blog; si je veux faire partager un point de vue que j’ai bien aimé; si je traduis un article qui me plait; etc… dans ces cas-là, je ne vais pas parler de moi. Tu penses que ça va me faire passer pour un moraliste prétentieux et distancié? 😉
Pour moi je ne crois pas. 🙂
Maintenant, là où je te rejoints c’est si je donne des conseils, je fais la morale, je dis aux autres ce qu’il faut faire pour aller mieux, etc… mais que de mon côté, je ne teste pas avant, ou alors je ne donne que les résultats qui m’arrangent, alors là, je suis d’accord, c’est pas vraiment approprié, et je peut m’attendre à me faire passer pour un moraliste, prétentieux et distancié.
🙂
Musa
11 janvier 2013 @ 19:34
Je trouve cette question très intéressante. Et elle me pose d’ailleurs pas mal de souci…
Je suis en effet une amoureuse des histoires. C’est ce que j’aime retrouver dans les blogs, les livres, les conférences. C’est ce qui moi, me fait le plus avancer. La théorie est importante, bien sûr, mais elle est incolore et ne me fait pas vibrer. Pour changer, j’ai besoin d’émotions, j’ai besoin de me retrouver dans une personne bien vivante. Par contre, je suis nettement moins à l’aise pour parler de moi, même sur la toile. Je n’ai pas fait le choix total de cacher mon blog à mon entourage, ce qui me freine un peu. C’est très impudique en quelque sorte de parler de soi, profondément, ainsi. J’essaye de trouver un juste milieu, mais je me demande parfois si je ne me coupe pas les ailes de cette façon. Ce que j’aimerais partager se retrouve libéré des anecdotes par trop personnelles et donc, de sa substance. Et … je me questionne 🙂
Philippe
14 janvier 2013 @ 10:32
Bonjour Musa,
Je pense que les questions que tu te poses, pas mal de blogueurs se les posent aussi. Et je ne sais pas comment ils y répondent. 🙂
Pour moi la meilleure façon est celle avec laquelle on est à l’aise. Si tu es à l’aise en ne parlant que très peu de toi, c’est ok comme ça.
Après, parler de soi peut aussi se faire par étapes. Par exemple, tu peux d’abord parler de ce que tu fais, par petites touches, sans y mettre trop ce que tu penses ou ressents, et puis ouvrir petit à petit.
Mais en fait, la vraie question est de savoir si tu veux vraiment en parler…
🙂
veronique bouron
1 février 2013 @ 16:37
bonjour,
parler de soi ou ne pas parler de soi ? là est la question ! dans mon blog, je fais de l’information sur le développement personnel et son interêt. Je me suis présentée sur une page et il est important pour moi de passer par le : « commence par toi même » ce qui signifie que je m’applique les éléments que je dispense, ce qui me permet aussi d’en saisir les limites.. Donc je laisse parfois transparaître des facettes de ma personne mais comme « trop point n’en faut » 🙂 ….
à bientot
Philippe
2 février 2013 @ 13:13
Bonjour Véronique,
Il est vrai que de vivre, ou d’avoir vécu soi-même les éléments que l’on donne, est à mon sens, un prérequis.
Maintenant, en effet, à mon sens, on doit trouver le juste milieu entre déballer sa vie perso et ne rien dire du tout, de façon pertinente et utile aux lecteurs.
Facile à dire, et je ne sais même pas si j’y arrive correctement non plus.
🙂