Fév 16 2015
Médecine Vs Psychothérapie : opposition nécessaire ou inutile ?
Une lutte sans fin
Depuis plusieurs siècles, il est souvent coutume en occident, de séparer le corps et l’esprit, et de mettre un genre de barrière infranchissable entre les deux, comme si les deux étaient des entités bien distinctes sans aucun lien ni influence l’une sur l’autre.
Un problème physique qui va se manifester de façon spécifique à un endroit donné, va être traité physiquement de façon localisée :
- une douleur entre les vertèbres L3 et L4
- Ex : on va remettre les vertèbres en place, on prend des anti-douleurs, on va opérer…
- des maux d’estomacs
- Ex : on va prendre un médicament pour calmer les aigreurs
- une cheville bloquée
- Ex : on va l’immobiliser, se faire opérer, prendre des anti-douleurs…
- une veine, une artère, des capillaires bouchés
- Ex : on va fluidifier le sang, prendre des médicaments spécifiques pour déboucher, se faire opérer…
- etc…
D’un autre côté, un blocage de l’ordre du mental, de l’émotionnel, ou du psychologique de façon plus général, va se traiter quant à lui sous forme d’accompagnement purement psycho-thérapeutique.
Alors il est vrai que les mentalités évoluent, et que maintenant de plus en plus on admet qu’un stress, par exemple, peut être la cause de « nœuds » dans l’estomac et se traduire par une douleur physique localisée. Une cause psychologique peut avoir un impact physique.
Par contre, malgré tout, la première réaction va encore souvent être de prendre un anti-douleur, sans forcément traiter la cause « psychologique » du stress.
Opposé ou complémentaire ?
Donc si pour des « problèmes simples » on admet que le corps et l’esprit peuvent être liés, de façon assez surprenante, dès que le problème se complexifie (par exemple, une circulation du sang difficile), comme par enchantement, le lien disparait, et forcément, ce blocage physique plus « complexe » ne devient lié en aucune façon à une perturbation émotionnelle ou mentale d’aucune sorte.
Alors, sans aller jusqu’à dire que forcément il y a toujours un lien direct, je trouve ça surprenant que rarement cette hypothèse soit prise en compte.
La médecine chinoise, par exemple, va avoir une approche plus holistique. Si elle ne va pas forcément faire des liens avec l’émotionnel et le psychologique, elle va quand même prendre l’origine du problème de façon plus globale dans le corps. Par exemple si on reprend notre circulation sanguine difficile, elle pourrait avoir pour origine un blocage entre le cœur et l’estomac, qui pourrait être dû à un dysfonctionnement de la fonction poumon.
La médecine chinoise va donc s’attacher à remettre en mouvement ces différentes fonctions, sans forcément s’occuper directement de la circulation sanguine. Par contre, la conséquence sera une meilleure circulation sanguine.
Donc si on schématise on pourrait dire que :
- la médecine occidentale va traiter le sang et les veines qui bloquent pour refaire circuler le système.
- la médecine chinoise va rééquilibrer les perturbations dans le corps, avec pour conséquence de rétablir la circulation.
La médecine occidentale va s’attaquer à la disparition des symptômes et aura souvent des résultats plus rapides.
La médecine chinoise va s’attaquer à des causes plus globales et plus profondes, et pourra avoir des résultats plus lents.
Mais dans l’histoire, il reste encore un grand oublié. Et s’il est oublié à ce point là, c’est peut-être que les liens ne sont pas aussi faciles à faire et plus difficilement reproductibles.
La psychologie est-elle fiable ?
Tout le monde sait bien qu’une étude scientifique ou un test clinique qui n’est pas reproductible indépendamment des gens sur qui il est fait, ne peut pas être considéré comme valable. Or justement l’aspect psychologique est difficilement reproductible parce qu’il est propre à chacun. Pour un même stimulus, chacun peut réagir différemment en fonction de son vécu, de ses expériences, de ses croyances, de ses émotions, de son état (physique, mental, émotionnel) du moment, etc…
Ceci étant, comme les humains ont malgré tout, beaucoup de points communs entre eux, il a été remarqué que certains organes réagissaient plus sensiblement que d’autres à certains types d’émotions. Par exemple la peur serait liée plus aux reins, la colère au foie, etc…
En revanche, un blocage psychologique peut être lui-même complexe. Il peut-être issu d’une combinaison de différentes croyances limitantes, d’une accumulation de différentes charges émotionnelles, mentales, corporelles qui se sont empilées au fil des ans, des expériences, des rencontres, etc…
Tout ça rend évidement les liens plus difficiles à faire entre le psychologique et le physique. Mais est-ce que plus difficile veut dire impossible ? Est-ce que plus difficile veut dire inexistant ?
Tenir ce raisonnement est tout sauf scientifique…
Et au lieu d’opposer ces différentes approches, comme encore beaucoup le font aujourd’hui, n’aurait-on pas plus d’intérêts à les voir comme complémentaires, chacune agissant à son niveau, et chacune aidant l’autre ?
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Suite dans la prochaine partie
Jean Eric
8 janvier 2016 @ 15:50
Très bel article et très instructif. Cet article met en exergue la dualité de l’Homme qui est à la fois corps ou esprit. Pour soigner l’Homme, il faut nécessairement tenir compte de de cette dualité de la nature humaine pour prodiguer les soins efficacement. J’ai foi que de plus en plus, la recherche mettra en évidence la complémentarité entre médecine et psychothérapie pour le bonheur des Hommes
Philippe Chevaux
8 janvier 2016 @ 17:05
Merci Jean pour le commentaire,
J’espère aussi que de plus en plus on arrivera à montrer (re-montrer?) que l’humain n’est pas fait de morceaux séparés sans aucuns liens entre eux, mais que c’est un tout, et qu’on a tout à y gagner à le considérer comme tel.
Pour info, la suite de cet article se trouve ici Complémentaires pour une meilleure santé