Juil 20 2014
Ceci ne changera pas votre bien-être au travail…
… C’est ce que vous ferez de votre lecture qui changera quelque chose.
Le travail c’est la santé ?
Etre bien au travail c’est quoi : bonne organisation, bonne entente avec les collègues, pas de pression, des moments pour se détendre, un travail intéressant et épanouissant, des horaires adaptées ?
Il y a de ça quelques années, la notion de bien-être au travail n’était pas une priorité du tout, on pourrait même dire « mal vue » : on n’est pas là pour être bien et se la couler douce, on est là pour être productif et efficace !
Si on est bien, si on ne transpire pas, si ce n’est pas pénible quand on travaille, c’est presque qu’on ne travaille pas assez. Un bon travail ça doit être dur… C’est un peu ce qui nous a été transmis de générations en générations au long des siècles passés. Et entre nous, il existe encore un certain nombre d’entreprises pour qui le bien-être n’est toujours pas dans les priorités.
D’ailleurs, si on regarde l’étymologie du mot « travail » ou « labeur », c’est assez éloquent…
Travail : Vient du bas latin « tripalium », lui même issu de « tripaliare » qui veut dire « contraindre ». Le tripalium désignait un pieu. C’était un instrument de contrainte ou de torture. Il laisse ainsi entendre le « travail » comme étant effectué de force, à l’instar de l’activité de l’esclave. Le mot « travailler » nous vient de là, via le moyen âge, du latin courant « tripaliare »: contraindre avec le « tripalium »
Labeur : Emprunté au latin « labor, -oris » : peine qu’on se donne pour faire quelque chose, fatigue, travail résultat de la peine, situation pénible, malheur, chagrin, peine. Donc le « bien-être » au travail, si on regarde l’étymologie, est plutôt antinomique : le bien-être dans la torture ou l’esclavagisme…
La dictature du bien-être
En même temps, si on se base seulement sur un point de vue « vital », « survie basique » de l’entreprise, ça peut être compréhensible : on n’est pas payé pour être bien, on est payé pour avoir du résultat.
Et les entreprises ne vont pas investir dans quelque chose qui leur fait perdre de l’argent, dont ils ne voient pas les retours sur investissement, ou dont ils ne sont pas un minimum sûr d’avoir des retours.
Investir pour
- réduire les coûts
- mieux s’organiser
- augmenter l’efficacité
- la productivité
- la qualité…
Oui ! Mais le bien-être…
Comment chiffrer ce que ça rapporte ? Et puis on ne va quand même pas céder à tous les caprices des gens, pour qu’ils se sentent bien. On ne s’en sortirait plus sinon.
Et c’est peut-être là l’erreur que commettent les chefs d’entreprises qui ne mettent pas le bien-être des salariés dans leurs priorités.
Les moeurs ont changé, les priorités, les habitudes et le rythme de vie aussi. La société a évolué.
Si on utilise toujours le même mot « travail », ce qu’on en fait est évidemment bien différent du moyen-âge, ou même des années 1960-70, voire même peut-être encore après.
Les gens ne veulent plus « souffrir » au travail, ils veulent de moins en moins de « contrainte » de « pénibilité ». Ils veulent du plaisir, se sentir bien dans ce qu’ils font, pouvoir allier vie professionnelle et vie privée.
Il semblerait donc que la tendance s’inverse : on passe de vivre pour travailler à travailler pour vivre. Le travail n’est plus nécessairement une finalité.
A un tel point que par moment, on pourrait même se demander si on ne passe pas parfois vers l‘excès inverse : on doit forcément être bien, si on est mal ça va pas, il faut éliminer le mal-être et le négatif et ne se concentrer que sur le positif, on ne veut pas de contrainte, si ça devient un peu pénible on veut changer. Vers une « dictature du bien-être » ?
Opposer ou accepter ?
Mais est-ce que refuser toute contrainte est forcément un gage de bien-être ?
Est-ce qu’à refuser toute pénibilité, à se mettre « contre » et à vouloir éliminer tout mal-être ou souffrance, on ne devient pas un peu des Don Quichotte qui se battent contre des moulins à vent ?
A partir du moment où on se met contre, on passe dans de l’opposition, dans une « bataille » de forces contraires.
Et est-ce que par hasard, accepter ces imperfections, ces contraintes, ces moments difficiles comme faisant partie de nous et ayant quelque chose à nous dire sur notre façon d’être ou d’agir, ne pourrait pas être un pas beaucoup plus grand vers un bien-être en profondeur ? Parce que finalement, quand ça ne va pas, la première réaction qu’on a en général, c’est quoi ?
C’est l’autre… c’est à cause des autres, de l’environnement, des conditions, du système, des politiques, de l’économie, de la crise… et donc on va tout faire pour changer l’extérieur de façon à ce qu’il nous apporte ce qu’on veut.
Le hic dans l’histoire c’est qu’on ne réalise peut-être pas toujours que la seule personne sur laquelle on a du pouvoir… c’est soi-même. Et c’est tout !
Le miroir magique
Par conséquent, si on veut que ce qui nous procure du mal-être change, peut-être que le premier changement à faire se trouve chez soi, en soi.
Il ne résoudra pas forcément tout, et à un moment il faudra très probablement agir sur l’extérieur aussi, mais si à aucun moment on ne regarde en soi, c’est une garantie, on n’aura jamais le bien-être qu’on cherche.
Facile à dire, mais comment faire, et quoi regarder à l’intérieur de soi ?
Un premier indice peut être, par exemple, le miroir magique. C’est le fameux dicton sur la poutre et la paille dans les yeux : ce que je n’aime pas chez l’autre, ce que je lui reproche, si ça me touche autant, c’est que ça me renvoie chez moi à quelque chose de similaire avec lequel je ne suis pas à l’aise.
« Je ne supporte pas son intolérance ! »
« Il est toujours en train d’essayer de tout contrôler et ramener à soi, et ça m’énerve ! »
Allez voir en vous cette part d’intolérance ou d’envie de contrôle, par exemple, avec laquelle vous n’êtes pas forcément à l’aise.
Arriver à accepter et intégrer en soi cette part « d’ombre », nous permet d’être beaucoup plus complet, et donc tout simplement de vivre mieux ce qui nous arrive.
Connais-toi toi-même…
…et laisse le monde aux Dieux (inscription qu’on retrouve sur le temple de Delphes dédié à Apollon).
D’après Socrate, cette phrase voulait dire : « Prends conscience de ta propre mesure sans tenter de rivaliser avec les dieux. C’est à dire, atteindre la connaissance et la maitrise de soi, en s’affranchissant des spéculations idéologiques et des explications théologiques. »
Mieux se connaitre, mieux connaitre son fonctionnement. Ce précepte, on le retrouve tout au long des âges, et encore aujourd’hui, il garde tout son sens.
Platon parlait aussi de la « double ignorance » : le fait de ne pas savoir et de vivre dans l’illusion de son savoir, c’est à dire, ne pas avoir conscience de son ignorance.
Maintenant concrètement, dans la vie de tous les jours, à quoi peut nous servir de mieux se connaitre ? Quel lien avec le bien-être ?
Imaginez, vous avez une meilleure conscience
- des croyances limitantes qui structurent votre vision du monde
- de ce qui vous motive derrière vos comportements
- des stratégies inconscientes gênantes que vous mettez en place
- dans la relation à l’autre
- dans votre gestion du temps
- dans votre organisation
- dans l’atteinte de vos objectifs…
et que vous savez comment utiliser votre fonctionnement, comment utiliser les différentes facette de votre personnalité pour
- prendre un recul approprié dans les situations difficiles
- adapter votre communication à l’autre pour qu’elle soit plus efficace
- trouver de la motivation pour atteindre vos objectifs
- vous définir des objectifs motivants et réalistes
- vous positionner plus sereinement dans votre relation à l’autre, qu’elle soit tendue ou saine
- reconnaitre vos limites et vous en servir comme moteur de progrès…
Imaginez ce qui se passerait dans ce cas-là, imaginez comment serait votre vie au travail, et même à la maison.
Pour citer encore Socrate : « N’est-il pas évident (…) que les Hommes ne sont jamais plus heureux que lorsqu’ils se connaissent eux-même, ni plus malheureux que lorsqu’ils se trompent sur leur propre compte? »
Le cocktail magique
En résumé, les trois astuces pour améliorer votre bien-être au travail et dans votre vie de tous les jours :
- Remercier l’autre de vous permettre de prendre conscience de ce qui vous dérange en vous
- Apprendre à mieux vous connaitre et à connaitre votre fonctionnement
- Accepter et fusionner les oppositions en vous pour devenir plus complet
Cet article prend part au festival mensuel de la croisée des blogs organisé par le site Devperso. Ce mois-ci c’est Dorian, du site Plate-Forme bien être, qui accueille l’édition de juillet, et nous propose le thème : 3 astuces pour se sentir bien ici et maintenant
Ali du blog "La Réflexologie & Le Bien Etre"
21 juillet 2014 @ 13:45
En effet, Philippe, je suis bien d’accord pour le cocktail que vous proposez.
Je profite de ma venue ici pour regarder les 4 interviews de Pierre Ramaut, très intéressant, j’ai terminé la première vidéo, à suivre…
Bonne continuation à vous !
Ali.
http://www.la-reflexologie-le-bien-etre.com/le-bien-etre-au-naturel/se-sentir-bien-au-quotidien/
Philippe
28 juillet 2014 @ 09:55
Bonjour Ali,
Merci pour le commentaire,
Ce cocktail n’a évidemment rien de nouveau, mais c’est vrai que j’ai pu voir, d’abord sur moi, et ensuite avec les autres, que de l’appliquer aide vraiment.
Concernant l’interview de Pierre Ramaut sur le transgénérationnel, c’est vrai qu’il est très intéressant. Si vous voulez vous avez tout sur une même page là : Libérez-vous de votre famille
Bon visionnage. 🙂
A bientôt
Philippe
Dorian
21 juillet 2014 @ 20:43
Bonjour Philippe,
Merci à toi pour cette belle participation ! L’angle du bien-être au travail est approprié. C’est intéressant de voir que l’on peut appliquer les mêmes principes dans toute situation et que finalement, seul notre bien-être compte, quoi que nous fassions.
Notre bien-être influe sur les autres. Certains se sentent coupables de s’occuper d’eux-même alors que c’est la meilleure façon pour aider les autres de par notre influence.
Et comme tu l’évoques dans ton article, les autres sont justement un excellent moyen de nous améliorer puisqu’ils révèlent nos failles par leur comportement et leur dire.
Merci encore !
BIen amicalement,
Dorian
Philippe
28 juillet 2014 @ 09:45
Salut Dorian,
Merci à toi pour ce beau thème.
Le fameux dicton : « charité bien ordonnée commence par soi-même » prend tout son sens. 🙂
Si on veut pouvoir aider les autres à se sentir bien, la première chose à faire c’est de commencer par s’occuper de soi. Et « malheureusement » des siècles de culture judéo-chrétienne interprétée de façon pas toujours ajustée nous a fait culpabiliser le fait de s’occuper de soi:
Les autres d’abord, et si on commence par soi c’est « égoïste », c’est mal…
Encore merci pour ce thème très riche.
A bientôt
Philippe
Ophélie
13 août 2014 @ 15:27
Philippe, 🙂
Et bien merci pour cet article plein de trésors! Un condensé d’invitations à prendre ses responsabilités, observer ce qu’il se passe autour, à l’intérieur et être dans la conscience de notre vécu. J’adore le concept de la double ignorance et me permet de subtiliser ces lignes pour certainement les introduire dans un de mes prochains articles 😉 La définition de travail m’a fait sourire, une invitation pour tous à questionner notre vie à ce niveau-là, et se demander mais au fait qu’est-ce que je fait sur cette terre, entrer dans notre mission de vie. Et du coup là on n’est plus dans la contrainte mais à nourrir son âme, être… dans la joie et la bonne humeur!
Philippe
19 août 2014 @ 13:34
Salut Ophélie,
Merci pour ce beau commentaire.
Concernant les lignes que tu veux subtiliser sur la double ignorance, tu peux y aller sans problème, je les ai moi-même subtilisées à Platon. Je ne pense pas qu’il nous en voudra… 😉
Pour ce qui est du travail, je suis d’accord avec toi: si on trouve sa « mission » sur terre, alors il prend un tout autre sens, et finalement, on ne « travaille » plus, dans le sens étymologique du mot.
🙂