Mai 12 2014
Commando, en mode survie
Vous arrivez dans un monde où vous ne connaissez rien à rien, et vous ne savez pas comment faire pour survivre. Vous ne savez pas qui vous êtes, ni que vous avez un corps (ou vous en avez vaguement conscience), et vous ne savez pas comment il est, à quoi il sert, ni comment vous en servir (en tous cas pas consciemment). Et pour couronner le tout vous ne voyez pas et vous entendez vaguement des bruits mais sans vraiment savoir ce que c’est.
Vous percevez des choses, mais sans les comprendre.
Bref, vous arrivez en territoire inconnu, dans un monde duquel votre survie dépend complètement, et sur lequel vous n’avez aucun contrôle direct (ou très peu).
Vous sentez bien qu’il y a d’autres entités autour de vous, et que vous avez besoin d’elles pour survivre, mais vous ne savez pas comment interagir avec. Vous ne savez pas lesquelles sont hostiles et lesquelles sont amies.
Vous avez ce fichu instinct de survie qui vous pousse à rester en vie, à exister, à ne pas disparaitre ou vous faire « bouffer par les autres » (sans forcément trop savoir qui sont ces autres), et en même temps, vous « savez bien » que vous avez besoin de ces mêmes autres pour survivre, que si vous vous faites rejeter vous êtes mort, vu que vous dépendez entièrement d’eux pour rester en vie.
Imaginez cette situation. Confortable ? Stressant ?
Cette situation, ou quelque chose qui s’en rapproche, on l’a tous vécu à notre façon. Vous vous en souvenez ? Ca vous dit quelque chose ? Il faut dire que ça remonte à quelques années quand même.
C’était au moment de… votre naissance. Et oui !
Quand on est sorti du ventre de notre mère on s’est retrouvé dans une situation similaire. Personnellement je ne m’en souviens plus trop, mais je peux imaginer que ça pouvait être angoissant.
C’est un peu comme si on était dans un endroit où tout était flou autour de nous : les sons, les images, les sensations. On a des perceptions, mais on ne sait pas ce qu’elles veulent dire ni comment s’en servir ou les interpréter. Et on ne sait pas non plus comment les transmettre pour qu’elles soient perçues comme on le voudrait.
Pour survivre, on a besoin de comprendre ce qu’il y a autour de nous, d’y donner un sens, de pouvoir l’interpréter et interagir avec.
Le hic, c’est que comme tout est « flou » et qu’on ne sait pas comment ça marche, et qu’en plus on ne comprend pas ce que nous disent les autres qui veulent nous montrer comment ça fonctionne, on va expérimenter comme on peut ce monde. Et pour pouvoir s’y retrouver et y donner un sens qu’on comprenne suffisamment, on va se créer notre propre interprétation de ce qu’il est. On va fonctionner par essai erreur, en retenant les bribes qu’on peut retenir, en leur donnant un sens – notre sens –, en faisant des liens entre ces bribes…
En fait on va tester avec les moyens qu’on a, des comportements, des réactions, des mots, etc… et petit à petit, pour rester en vie, pour avoir de l’amour et ne pas se faire rejeter, on va mettre en place (très inconsciemment bien sûr), des croyances de ce qu’on doit ou ne doit pas faire, de ce qu’on doit ou ne doit pas être.
Ces croyances vont nous donner un cadre d’interprétation de ce qu’est le monde, en nous donnant UNE compréhension de ce qu’il est. Elles vont donc d’un côté nous délimiter notre vision du monde, et d’un autre côté nous la limiter : elles vont agir comme des filtres qui vont nous donner une vision partielle de ce qu’est la réalité, NOTRE réalité.
Et une chose très particulière avec la croyance c’est qu’on ne sait pas que c’en est une.
Pour nous c’est réel, le monde est vraiment comme ça :
Comme tout ce qu’on va vivre, on va l’expérimenter à travers ces croyances, on va donc aussi l’interpréter et le voir avec le filtre de ces croyances, validant ainsi le fait que ce ne sont pas des croyances, mais la réalité : ça n’est pas moi qui me l’imagine, c’est réellement comme ça.
C’est le serpent qui se mort la queue.
Ces croyances sont ce qu’on peut appeler ici des « croyances structurantes », car ce sont elles qui vont nous structurer de façon très profonde et inconsciente notre vision de la réalité.
Cet article est écrit dans le cadre du festival de la croisée des blogs organisé par le site devperso.org. Ce mois-ci il est hébergé par Patricia Letang du blog « Attention bonheur possible », sur le thème : Nos systèmes de croyances.
Dans la prochaine partie on verra plus concrètement quels sont ces types de croyances, comment elles nous ont aidé, et à quoi elles nous servent.
Patricia
29 mai 2014 @ 12:25
Merci pour ta participation Philippe, j’adore ton approche originale ! Patricia
Philippe
29 mai 2014 @ 17:29
Merci Patricia, et merci d’avoir proposé ce thème super intéressant.
🙂
Enzo Duval
22 juillet 2014 @ 15:00
Bonjour Philippe,
J’aime beaucoup ton approche sur les croyances. Elle nous permet de nous rendre compte que nous avons créé notre propre vérité au fil des années. Nous avons notre propre carte du monde, et tout ce que nous vivons est filtré et interprété par ce que nous croyons vrai : nos croyances.
Merci à toi et au plaisir de te relire 🙂
Enzo
Philippe
28 juillet 2014 @ 09:27
Bonjour Enzo,
Merci pour ton commentaire.
A chaque fois que j’y pense je trouve ça quand même étonnant : parce-qu’on le voit comme vrai, alors ça devient une vérité pour nous et donc une réalité, et comme on vit au travers de ces « vérités » ça renforce le fait que c’est bien réel et pas juste des croyances.
Par contre si dès le départ on avait d’autres vérités, alors notre « réalité » serait bien différente et tout aussi réelle pour autant…
🙂
Il y a un article assez étonnant où un scientifique montre qu’à un certain niveau, le cerveau se crée sa propre réalité :
Le mystère des couleurs : Notre cerveau fabrique sa réalité