3 livres pour 3 étapes de ma vie

Cet article est écrit dans le cadre d’un évènement mensuel « A la croisée des blogs » dédié au développement personnel. Ce mois-ci c’est Olivier Roland, auteur du blog « Des livres pour changer la vie » qui l’organise.

Le thème: 3 livres qui ont changé notre vie.

3 livres, c’est peu…

Et en même temps, si le livre a été un élément déclencheur ou favorisant, ce n’est pas lui seul qui a fait le changement.

Le changement s’est fait de façon plus systémique, avec plein d’autres éléments qui ont interagit. En plus, les transformations ne vont se faire réellement que si elles sont incarnées, mises en application.  La lecture d’un livre peut être révélateur; le réel changement, et peut-être la difficulté, va être dans la mise en application ce qui a été lu.

J’en ai donc sélectionné 3 qui ont favorisé 3 tournants dans ma vie, de façon chronologique.

(Chaque titre de livre est un lien amazon)

 

 

L’ERREUR DE DESCARTES 

Ce premier livre date un peu, mais je trouve qu’il est toujours autant d’actualité.

Dans ce livre Antonio Damasio nous révèle les acquis de la neurologie à la fin du 20ème siècle : pour être rationnel nous avons besoin d’émotions et de sentiments.

Directeur du département de neurologie de l’université de l’Iowa, il nous explique avec des exemples et expériences concrètes que si on se coupe de ses émotions on ne peut pas être rationnel. C’est le même cerveau qui pense, réfléchit, calcule, décide et aime, déteste, ressent, est joyeux ou triste.

Il nous montre que le vieux dualisme de Pascal n’est peut-être pas si vrai, et que le cœur a ses raisons que la raison n’ignore pas tant que ça…

Il nous explique aussi que l’intellect et le corps sont beaucoup plus interconnectés et interdépendants qu’on nous l’a appris depuis des siècles et que finalement, Descartes se serait peut-être trompé avec son « je pense donc je suis », car à la lueur des travaux en neurologie, il  pourrait se transformer, en « je suis donc je pense ».

 

Ce que ça a changé pour moi :

Ingénieur de formation, j’ai fait des études techniques et scientifiques et j’ai toujours vu prôner l’importance de l’intellect et des sciences dures dans mon environnement familial. Si les autres matières n’étaient pas dénigrées, elles n’étaient pas non plus mises en valeur.

Pendant des siècles on nous a rabâché que la raison et les émotions étaient deux choses bien distinctes et bien incompatibles aussi.

La lecture de ce livre a été un peu comme un électrochoc, où j’ai vu une explication scientifique (donc crédible…) montrant que la raison et les émotions, non seulement ne sont pas incompatibles mais en plus sont complémentaires, et que l’un sans l’autre, le cerveau ne fonctionne pas correctement. Les pensées et les émotions sont incarnées dans un corps, et sans ce corps, on ne pourrait pas les exprimer. On a donc aussi besoin d’être pour penser et ressentir. J’aborde aussi ce sujet dans l’article « Le grand tabou de l’occident… »

Malgré une formation scientifique, j’ai toujours eu un penchant pour ce qui ne l’était pas (les arts et le sport), mais je voyais ça comme une sorte d’incohérence, un manque de logique (même si au fond de moi je sentais bien que j’en avais besoin).

Ce livre m’a permis de faire un lien entre la raison et l’émotion, de les réconcilier, et de les accepter comme complémentaires.

J’étais étudiant quand je l’ai lu, et c’est après la lecture de ce livre que j’ai commencé à m’intéresser plus en profondeur à l’aspect émotionnel et relationnel chez la personne.

Avec le recul, je crois que ça a été un des éléments déclencheurs de ma réorientation par la suite, plusieurs années après (la germination a été longue 🙂 ) vers un métier plus relationnel que je pratique aujourd’hui : l’accompagnement et la formation dans le domaine RH.

 

 


AÏE MES AÏEUX 

Dans ce deuxième livre, Anne-Ancelin Schützenberger apporte un éclairage énorme sur l’impact de l’héritage inconscient familial sur la descendance.

Elle explique, sans porter aucun jugement dessus, comment des croyances, des vœux, des non-dits peuvent se répéter à travers les générations et ainsi influer sur nos comportements, nos décisions, nos choix de vie sans que l’on n’en ait conscience.

On ne fait en fait que répéter et transmettre, inconsciemment, chez nous et à nos enfants, des choses qui nous ont été léguées par nos ascendant (aïeux, parents, oncles et tantes) ou notre famille (frères et sœurs, cousins, cousines), qui l’ont eu de leurs ascendants qui le tenaient de leurs ascendants, etc…

Ces « choses » peuvent être des expériences ou des traumatismes vécus, des promesses faites aux vivants ou aux morts, des vœux prononcés, des traditions familiales ou culturelles, etc…

Elle nous propose une façon particulière de dessiner notre arbre généalogique, en fonction de ce qui s’est passé dans notre famille vu de notre fenêtre. C’est ce qu’on appelle le génosociogramme.

Si les faits sont importants (ils permettent de voir les répétitions éventuelles), la façon avec laquelle on les a perçus et reçus personnellement est capitale. Ce qui fait que dans une même famille, même si les faits sont identiques, les génosociogrammes seront très probablement différents car chaque personne en aura eu une perception différente.

 

 Ce que ça a changé pour moi :

 Ca a été une clé d’entrée pour libérer des croyances, trauma et legs familiaux dont je n’avais aucune idée et qui se transmettaient depuis plusieurs générations déjà.

 Même si je considère que dans ma famille il n’y a pas vraiment de tabous sur les sujets de discussion abordés, la lecture de ce livre a permis d’entamer de nombreuses discussions libératrices avec mes parents et grands-parents.

Je me suis rendu compte qu’il y avait encore pas mal de non-dits sur certains traumatismes familiaux vécus (mort violente, relations conflictuelles parents/enfants – beaux- parents/beaux-enfants), et sur des croyances bloquantes, notamment sur le rapport à l’argent, ou le rapport à l’autorité paternelle, par exemple. J’ai donc compris l’importance du poids des non-dits dans ma famille, et l’importance de les exprimer.

 

L’exemple qui va suivre est l’histoire d’une enfant que j’ai pu aider grâce à la lecture de ce livre. Il montre à quel point nos traumas personnels peuvent influencer nos enfants, même si eux ne les ont pas vécus.

J’avais une amie qui a eu une enfance difficile et douloureuse, à passer de famille d’accueil en famille d’accueil. A l’âge de 10 ans, elle a été abusée sexuellement pendant plusieurs mois par le père de la famille qui l’accueillait. Tous les soirs elle était terrorisée à l’idée que la porte de sa chambre s’ouvre et qu’il entre. Elle voulait pouvoir la fermer à clé et l’empêcher de rentrer.

Cette petite fille a grandi et a eu elle-même une fille. Je les ai connues quand sa petite avait 2-3 ans.

A un moment, je ne sais pas pourquoi, sa petite fille de 3 ans a commencé à avoir une manie de toujours vouloir fermer les portes à clé. Dès qu’elle en voyait une, elle la claquait, la fermait. Et s’il y avait une clé ou un verrou, elle les fermait à chaque fois.

Notre seule crainte était qu’elle ne s’enferme à l’intérieur, ou qu’elle ne se coince les doigts. Et ça a duré plusieurs semaines.

Un jour qu’elles étaient chez moi, ce qui devait arriver arriva : elle a réussi à fermer la porte de la salle de bain de l’intérieur, mais elle, était dehors. Heureusement…

Conclusion : impossible d’ouvrir la porte car il n’y avait pas de clé à l’extérieur. Il a fallu la défoncer…

J’étais justement en train de lire ce livre « Aïe mes aïeux », et je me suis souvenu de l’histoire de sa mère quand elle était enfant.

Je lui en ai parlé, à sa mère, en lui disant qu’il pourrait peut-être être intéressant de raconter son histoire à sa fille.

Un jour, on a donc pris un moment pour s’asseoir et raconter à la petite l’histoire de sa mère, en lui disant que sa mère, quand elle était petite a eu un moment où elle voulait aussi que les portes soient fermées à clé pour ne pas que la méchante personne vienne lui faire du mal. Mais que maintenant c’était fini : la personne n’est plus là et il n’y a plus de raison d’avoir peur, car il ne viendra plus.

Elle a écouté très attentivement, sans rien dire. Elle a juste acquiescé à la fin, et elle est repartie jouer.

Ce qui m’a stupéfait est qu’à partir de ce jour, elle n’a plus retouché aux portes. Du jour au lendemain, c’était fini

Les non-dits étaient dits. Le trauma était exprimé, libéré : il n’avait plus de raison de continuer à vivre chez sa fille.


LE LANGAGE EMOTIONNEL DU CORPS 

Roger Fiammetti est ostéopathe et il pratique l’approche somato-émotionnelle.

A travers ce livre il nous fait une synthèse de nombreux cas qu’il a rencontrés au court de sa pratique, et il montre les liens qui existent entre les émotions non exprimées, et les endroits dans le corps où les tensions et blocages vont se manifester.

La colonne vertébrale est le pilier de notre corps, et chaque vertèbre est impactée par un type d’émotion particulière.

Par l’observation de nombreux cas, il a montré que chaque vertèbre est associée à un type d’émotion particulière. Ce qui fait que quand cette émotion devient trop forte et qu’elle n’est pas exprimée, comme ce qui ne s’ex-prime pas s’im-prime, la vertèbre, ou la partie du corps concernée va subir une plus forte tension et c’est elle qui aura le plus de chance de lâcher en premier.

Le corps est une « machine » très subtile, il va toujours chercher à compenser tant qu’il peut. Mais quand il ne peut plus, il lâche (hernie, ulcère, lumbago, etc…)

Conscientiser ces blocages émotionnel va aider à redonner du mouvement aux parties bloquées, et à se libérer de tensions ou traumas vécus depuis la toute petite enfance et qui se répètent jusqu’à aujourd’hui.

Dans cet ouvrage il nous livre une grille de lecture du corps, illustrée par de nombreux cas cliniques, et nous sensibilise à écouter différemment ce que nous dit cette machine qui nous fait vivre, quand elle souffre.

Où les mots peuvent libérer les maux…

(Voir aussi l’article « Quel pouvoir ont les mots?« )

 

 Ce que ça a changé dans ma vie :

Le corps ne ment pas. On peut ne pas l’écouter, mais il ne peut pas mentir. Depuis toujours j’avais tendance à nier ou bloquer de nombreuses émotions et à les refouler, donc, à ne pas les exprimer. Naturellement elles s’imprimaient, et s’accumulaient…

Pendant, de nombreuses années j’avais très souvent des problèmes dans le dos et le bassin, sans que je ne sache pourquoi.

La lecture de ce livre m’a ouvert les yeux concrètement sur la façon avec laquelle le corps peut exprimer ce qu’il a en lui. Il m’a beaucoup aidé dans la compréhension et l’élimination de nombreux blocages.

Bien sûr, la lecture d’un livre ne va pas remettre une vertèbre déplacée, soyons réalistes. Ceci étant, parfois, de prendre simplement conscience de la cause émotionnelle du blocage a suffi à libérer des tensions.

Je suis allé plusieurs fois à la rencontre de son auteur pour me faire soulager, et au fur et à mesure, les séances s’espaçaient de plus en plus car il y en avait de moins en moins besoin (chose qui ne m’était jamais arrivé avant).

En plus, une fois que mon corps « m’avait dit » ce qui bloquait, je pouvais orienter plus précisément et plus efficacement le travail sur les blocages inconscients.

Aujourd’hui il reste toujours certains blocages et tensions qui reviennent, mais rien à voir avec ce que je vivais avant.

 

Comme je le disais au début de l’article, le livre en lui-même ne va pas faire les transformations. Il peut nous favoriser, nous donner du courage ou nous orienter.

Après, le chemin, c’est à nous de le faire.

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Cet article participe à l’évènement inter-blogueurs “Les 3 livres qui ont changé ma vie” organisé par le blog Des Livres Pour Changer de Vie. Si vous avez aimé cet article, je vous remercie de cliquer sur ce lien : j’ai aimé cet article !