Déc 22 2013
La légende de Zhong Qiu Jie
Le héros et le soleil.
On raconte beaucoup de choses à ce sujet, et il existe plusieurs légendes qui en parlent. Celle-ci en est une, et elle se passe il y a fort longtemps, à une période où la terre était éclairée par 10 soleils.
Il y faisait tellement chaud, que toutes les cultures et plantations de riz, maïs, etc… en étaient desséchées.
Les gens étaient très pauvres, et ils avaient tellement de mal à se nourrir pour survivre que beaucoup mouraient de faim.
A cette époque, vivait aussi Hou Yi, un héros connu de tous, pour sa force et son courage légendaire.
Voyant tous ces pauvres gens mourir de faim, il décida d’agir pour les aider.
Un jour, aux aurores, il partit sur son cheval parcourir la terre à la recherche du sommet le plus haut de la plus haute montagne, le mont sacré de Khunlun, pour accomplir ce que nul autre homme n’avait fait avant lui. Arrivé en haut, il pris son arc qui lui valu tant de victoires et avec la précision et la puissance que tout le monde lui connaissait il décocha une flèche magique dans chaque soleil pour les faire disparaitre. Il les élimina tous, sauf un.
A celui qui restait, il lui commanda de disparaitre tous les jours à l’horizon, et de remonter de l’autre côté de la terre, le temps qu’elle se rafraichisse suffisamment pour que les plantes puissent se reposer et que les gens ne meurent plus de faim.
De retour de son périple il fut acclamé en héros par le peuple, car grâce à lui, ils allait enfin pouvoir avoir des récoltes qui vivent, et commencer enfin à endiguer les famines.
Un jour alors qu’il se reposait au bord d’un lac, Hou Yi, rencontra une jeune fille d’une grande beauté qui répondait sous le doux nom de Chang’e. Il tomba tout de suite amoureux d’elle, et ce qui devait arriver arriva, quelques temps plus tard, ils se marièrent.
Chang’e et Hou Yi s’aimaient d’un amour doux, profond et sincère. Leur bonheur faisait plaisir à voir. Ils s’étaient construit une maison, et comme Hou Yi était aussi un expert en Kungfu, il enseignait les arts martiaux dans l’école qu’il s’était construite.
Le dilemme
Un jour, avec quelques uns de ses disciples, il partit rendre visite à des amis, et approfondir ses connaissances et sa pratique du taoïsme à la montagne de Khunlun, la plus haute et la plus ancienne du pays. Celle-là même d’où il avait sauvé son peuple en faisant disparaitre les 9 soleils.
En chemin il rencontra la femme de Hu Huang le dieu suprême du royaume céleste, qui était en visite sur terre. Il lui demanda alors, si elle pouvait lui donner quelque chose qui lui permettrait de devenir immortel, afin de pouvoir continuer sans cesse d’aider les gens qui en ont besoin.
Connaissant sa bravoure et son grand coeur, elle savait qu’il s’en servirait avec sagesse, et elle lui donna alors une poudre magique qu’il devrait avaler. Elle le transformerait en fée, et le rendrait donc immortel. La seule contrepartie, est qu’alors il devrait quitter la terre et ne pourrait donc plus jamais revoir sa femme. Wang Mu, la femme du dieu suprême disparu alors en lui laissant le sachet de poudre entre les mains.
A son retour à la maison, il fit part à sa femme de sa rencontre, et lui dit qu’il ne pourrait jamais se séparer d’elle, et qu’il refusait donc l’immortalité. Par contre, il savait que parmi les élèves qui l’avaient accompagné, certains n’étaient pas aussi dignes de confiance, et qu’il fallait s’en méfier. Il donna donc le sachet à sa femme, avec pour mission de le cacher dans un endroit où personne ne pourrait le découvrir.
Le sacrifice
Mais malheureusement, un de ces mauvais élèves entendit la conversation, et compta bien, lui, récupérer le sachet pour s’en servir à son compte.
Un jour, Hou Yi partit à la chasse avec quelques un de ses élèves, dont celui qui avait entendu la conversation. Peu après leur départ, celui-ci feignit d’être malade et de ne plus pouvoir continuer. Il demanda alors à son maître s’il pouvait rentrer pour se reposer. Hou Yi accepta, et il rentra donc seul, alors que les autres continuaient leur chasse.
De retour chez son maître, il menaça alors Chang’e en lui ordonnant de lui donner le sachet magique sous peine de la tuer. Sachant qu’elle ne pourrait pas résister, elle obtempéra et alla chercher à contre coeur le sachet de poudre.
Connaissant le noirceur de coeur de cet élève, elle ne put toutefois pas se résigner à lui donner, et pour éviter l’irréparable sur lui et les conséquences néfastes qui pourraient s’en suivre, elle préféra se sacrifier, et avala la poudre.
Immédiatement alors, elle se sentit toute légère et commença à s’envoler, horrifiée de désespoir, sans ne rien pouvoir y faire, car elle comprit qu’elle ne pourrait plus jamais être aux côtés de son mari…
A son retour de chasse, les serviteurs qui s’étaient cachés et avaient vu la scène racontèrent tout à leur maître. Fou de rage il partit à la recherche du traitre pour l’exécuter sans pitié. Malheureusement, il était déjà loin et Hou Yi ne put rien y faire.
Chang’e ne voulant pas trop s’éloigner malgré tout, s’était arrêtée sur la lune, l’astre le plus proche de la terre, d’où elle pouvait encore voir son mari. Elle contempla la scène, impuissante et avec tristesse.
La lune
Son mari scruta le ciel sans relâche dans l’espoir d’y revoir sa femme. Il fini par voir quelqu’un qui se promenait sur la lune, et il y reconnu sa femme.
Il était celui qui a éliminé 9 soleils, il se décida alors d’attraper la lune. Mais cette fois-ci c’était différent : à chaque fois qu’il avançait de trois pas, la lune reculait de trois pas, et quand il reculait de trois pas, la lune avançait de trois pas. Il comprit alors avec désespoir qu’il ne pourrait plus jamais retrouver son amour, et qu’elle lui était perdue à jamais…
Un soir de pleine lune, où la lune était la plus grosse de l’année, donc la plus proche de la terre, il déposa alors dans son jardin qu’il avait éclairé de belles lanternes, à l’endroit où sa femme aimait tant se promener et se reposer, les douceurs et les sucreries qu’elle affectionnait tant. Il espérait que son amour pourrait alors venir les prendre pour la consoler dans sa solitude lunaire.
Les voisins, qui les appréciaient tous beaucoup tous les deux, firent alors de même dans leurs propres jardins en souvenir de Chang’e et par compassion pour Hou Yi.
Et depuis ce temps là, tous les ans, à l’époque où la pleine lune est la plus grosse, les chinois confectionnent des lanternes et des gâteaux (les gâteaux de lune), et se rassemblent dehors, sous la lune, pour les manger et partager un bon repas en famille en souvenir de l’histoire tragique de Hou Yi et Chang’e.
Cette fête s’appelle aujourd’hui « zhong qiu jie » : la fête du milieu de l’automne, de leur calendrier lunaire (entre mi et fin septembre en général).
Et si vous faites bien attention en regardant la lune cette nuit-là, peut-être vous aussi y verrez-vous Chang’e se promenant, un lapin dans les bras, pensant à son amour perdu.
Ceci est une des légendes de la fête de la lune en Chine, et c’est ma contribution au festival de la croisée des blogs du mois de décembre. Ce mois-ci, c’est Maxime du blog Heureux dans sa vie qui l’organise, sur le thème de l’amour.
Myriane Barnier
30 décembre 2013 @ 23:21
La trahison, l’envie… quelle expérience ! Très belle histoire, merci!
Philippe
3 janvier 2014 @ 15:00
L’amour peut nous faire faire des choses…
🙂